CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
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CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Rappel du premier message :
S'il ne devait y avoir qu'une seule photo de ce trip, ce serait celle là :
Peut-être pas la plus belle, mais emblématique d'un endroit qui m'a fait, à ce moment là (et pas avant, malgré les milliers de km que j'avais déjà parcourus), me dire à voix haute "ok, là, j'admets, je me trouve loin de mon appart parisien".
Pour info, il s'agit du Palais d'Ishak Pasa, à Dogubayazit, en Turquie, à quelques km de la frontière iranienne (cliquez ici pour la localisation).
PS : pour info, si vous ne vous êtes pas logué avec votre pseudo du forum, vous n'aurez pas accès aux liens hypertextes que j'ai essaimés dans ce CR...
S'il ne devait y avoir qu'une seule photo de ce trip, ce serait celle là :
Peut-être pas la plus belle, mais emblématique d'un endroit qui m'a fait, à ce moment là (et pas avant, malgré les milliers de km que j'avais déjà parcourus), me dire à voix haute "ok, là, j'admets, je me trouve loin de mon appart parisien".
Pour info, il s'agit du Palais d'Ishak Pasa, à Dogubayazit, en Turquie, à quelques km de la frontière iranienne (cliquez ici pour la localisation).
PS : pour info, si vous ne vous êtes pas logué avec votre pseudo du forum, vous n'aurez pas accès aux liens hypertextes que j'ai essaimés dans ce CR...
Dernière édition par loic_dv le Lun 27 Oct 2014, 7:20 pm, édité 5 fois
Invité- Invité
Magnifique
Bonjour Loic,
Bravo pour ton superbe CR. Y'a un sacré boulot ! On voit (entre les lignes) que tu t'es sacrément régalé. Et tu nous fait saliver....
Ne disposant que d'env 10 jours de vacances est-ce qu'une partie de de ton périple au départ de Lyon serait envisageable sur une courte période ? Ou éventuellement sais tu si des trail peuvent se louer à Istanbul ?
Bravo pour ton superbe CR. Y'a un sacré boulot ! On voit (entre les lignes) que tu t'es sacrément régalé. Et tu nous fait saliver....
Ne disposant que d'env 10 jours de vacances est-ce qu'une partie de de ton périple au départ de Lyon serait envisageable sur une courte période ? Ou éventuellement sais tu si des trail peuvent se louer à Istanbul ?
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Bonjour Loïc,
Merci pour ce magnifique CR, ce voyage et le récit que tu en fait, les superbes photos et les personnes authentiques rencontrées me font rêver.
Quel matériel photo emportes tu?
Merci pour ce magnifique CR, ce voyage et le récit que tu en fait, les superbes photos et les personnes authentiques rencontrées me font rêver.
Quel matériel photo emportes tu?
GP26- Nombre de messages : 272
Age : 67
Localisation : Drôme
Moto : Suzuki V-Strom 650 L2
Département : Drôme
Date d'inscription : 16/04/2013
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
maxouautrans a écrit:Oui merci; je rêve.
Faudra nous dire comment tu as choisi ton itinéraire ? Quel support pour te conseiller ?
Je compte y aller l'an prochain, et je ne voudrai rien rater des meilleurs "spots".
tous tes conseils seront les bienvenus
d'avance merci
Salut Maxouantrans,
J'avais déjà un point d'arrivée : Ani. Ensuite, je voulais bien entendu faire une boucle. J'avais aussi comme lignes de mire Hasankeyf (qui a été une vraie déception comme je l'ai écrit - pas tant niveau paysage, mais niveau rencontres et ambiance des plus touristiques) et le lac de Van. Je m'étais fixé en tout 30 jours de voyage, car mon boulot ne me permettait pas d'en prendre davantage. J'ai compté 4 jours aller et 4 jours retour, donc 22 jours dans la Turquie. Google Maps a ensuite été mon grand ami pour créer mon itinéraire : j'ai tracé mes itinéraires quotidiens avec une couleur différente, et de telle façon que je ne dépasse pas les 5h de trajet par jour (sauf au centre, car je savais que je pouvais tracer). Les guides lus m'ont décidé à passer par la vallée d'Ihlara, et à passer dans le coin de Yavuslar (le Lonely Planet, +10 pts).
Le trajet le long des frontières iranienne et arménienne s'est construit à l'intuitif, et en utilisant l'outil création de cartes dans Google Maps en le faisant passer par les pistes, et en estimant le temps que j'allais mettre à vue de nez. J'avais compté large, et sur place, cela m'a permis de pas mal m'arrêter, de m'autoriser quelques détours, etc.
Une fois Ani passé, j'ai voulu faire une incursion dans les monts Kaçkar, avec de belles déceptions sur une partie du parcours (mais vous verrez ça quand j'en serai là dans mon CR !). Au moins un guide recommandait une vallée bien encaissée (cf ici) reliant Erzican à Divrigi, mais ce matin là, le ciel était noir, et je voyais de ma fenêtre d'hôtel les éclairs tomber dans cette région (et la veille, je m'étais pris des trombes d'eau pendant des heures, par max 14°C). J'ai donc tracé vers Ankara. J'avais aussi un peu modifié mon itinéraire autour de Aksaray, dans les premiers jours de mon trip dans la Turquie, pour faire beaucoup plus de piste que prévu (cf. J2 : Polatli -> Taspinar) !
Donc, pour te répondre en résumé, les guides (et les goûts personnels en termes de type de paysage) pour les points à faire absolument, Google Maps pour créer les trajets quotidiens d'environ 5h et vérifier que je peux tout faire en 22 jours (avec un octroi de 2 jours de pause - je n'en ai pris au final qu'un seul, sans que ce fût vraiment une pause, puisque j'ai fait le cratère du volcan du Nemrut, à Tatvan), et Google Satellite pour repérer les pistes.
Les supports pour me conseiller furent les quatre guides qui se battaient en duel dans ma bibliothèque municipale, incluant le Guide du Routard dont je n'ai vraiment pas apprécié la philosophie de voyage (recommandations de tourisme de masse, et décision de ne pas traiter la moitié est de la Turquie, en disant aux voyageurs que ce n'est pas recommandé - et pourtant, c'était la version 2014).
Puis les sites Internet suivants que je m'étais mis en favoris :
http://www.focusmm.com/index_03.htm (+++)
http://www.lifeisjoy.nl/Turkey-roadtrip.php
http://www.horizonsunlimited.com/country/turkey (+++)
http://lesvoyagesdelescargot.blogspot.fr/
http://ommriders.com/pagesen/ridewithOMM.aspx
http://tresorsdanatolie.over-blog.com/
http://reptilvar.free.fr/Turquie.htm
A la fin du CR, dès que je l'aurai terminé, je ferai une petite liste totalement subjective des top-10 de ce trip !
J'espère que ces infos pour t'être utiles !
Dernière édition par loic_dv le Dim 21 Sep 2014, 10:54 am, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
J9 : Yavuslar -> Dogubayazit
Cette journée est découpée en deux. La première partie, le matin, a été la partie la plus sauvage (et objectivement la plus belle, je pense - même si mon affect m'a fait préférer d'autres parties de ce trip) de mon trip en Turquie. Avec des paysages époustouflants, en altitude jusque près de 2800m, pas une route bitumée à plus de 30km à la ronde, l'Iran à ma droite dont je pouvais souvent voir la frontière sur les crêtes des montagnes environnantes, une température idéale, une piste de velours, et des aigles qui m'accompagnaient à un moment... La seconde partie, l'après-midi, a été beaucoup moins agréable et belle. Mais en y réfléchissant, là, enfoncé dans mon canapé, je me dis que j'en avais tellement pris plein la figure durant les heures qui avaient précédé que le choc ne pouvait être que très difficile à vivre, une fois de retour dans une certaine civilisation. En tout cas, l'absence de photos prises pendant cette seconde partie (sauf à la toute fin, mais ... surprise) est bien la preuve de mon état d'esprit peu enclin à la rêverie...
Prêt(e) ? C'est parti......
Voici le trajet de la matinée (vous le verrez avec l'échelle, l'Iran n'est pas loin... ) :
Départ de Yavuslar après m'être fait inviter à petit déjeuner chez Altan, à six heures du mat' (les femmes étaient déjà debout depuis quelque temps tandis que les paupières encore à moitié fermées des hommes témoignaient d'un réveil encore tout proche...).
L'arrivée à Esmepinar est ... glauque. Mais cela me permet de vraiment prendre conscience (au cas où j'en aurais eu besoin) que je me trouve très loin de chez moi, dans un univers de pistes à perte de vue, sur ma moto dont je savais qu'elle n'avait pas encore parcouru la moitié de son périple. Une centaine de mètres avant l'entrée du village, je vois un "objet" sur la route. D'habitude (désolé), ce sont des chiens écrasés sur la route. Mais là, c'était plus petit. Puis je lève le regard et vois que j'arrive sur un poste militaire, avec des barbelés de part et d'autre de la route, et un militaire sur le bord de la route, à l'entrée du poste, avec sa mitraillette. Je continue (doucement) ma route et passe devant cet "objet" sur la route qui était en fait un chiot mort, dans une flaque de sang encore rouge. Je n'ai pas trop le temps de réaliser, que je suis déjà au niveau du militaire qui me regarde pas super gentiment, et là, trois gros chiens me courent après en aboyant comme si c'était moi qui avais tué ce chiot. Je ne pouvais pas accélérer et vite partir de cet endroit que je trouvais malsain car j'aurais pu faire croire au militaire que je prenais la fuite. Cet épisode n'a duré que quelques secondes, mais m'a assez marqué. (Je vous rassure, il n'avait ni entamé ma confiance que j'avais dans les personnes, ni ma joie de parcourir ces contrées qui me furent si étrangères, et tellement belles......) La sortie d'Esmepinar est beaucoup moins glauque, mais non moins ... étrange. Ce village est suffisamment grand pour qu'il y ait beaucoup de "rues" (comme d'hab' dans ces villages, ces "rues" sont des chemins de terre avec des ornières partout, et tout autant de détritus sur lesquels on roule et dont on espère qu'ils ne contiennent pas de verre coupé). Je me suis un peu perdu dans ce village, demande mon chemin, et là, je tombe sur un type du village qui m'explique comment sortir du village ... dans un français presque parfait.
Voici quelques photos entre Esmepinar et Turanköy... Il n'est pas loin de huit heures du mat', le décor est aride, sans qu'il ne fasse encore trop chaud...
Juste avant d'arriver à Turanköy, la vue sur cet espace grandiose, avec l'Iran en arrière plan (vue vers le sud)...
Puis apparaît Turanköy (vue vers le nord)...
La traversée de Turanköy est beaucoup plus calme que celle du précédent village, et je me dirige alors plus ou moins au feeling car Google Maps s'arrêtait là pour le tracé de la piste (j'avais imprimé mon parcours le long des frontières iranienne et arménienne en faisant des copies d'écran de Google Maps, à l'échelle 1/150.000 environ, sur 22 pages A4 !)... Mais aucun souci, je continue sur la bonne piste... Et je rentre dans une petite vallée bien encaissée, qui allait me conduire vers un superbe col auquel je ne m'attendais pas !!
Et me voici quasiment en haut du col, 2790m (merci Google Earth qui permet d'avoir l'altitude de n'importe quel point sur le globe...), donc plus haut que le col de l'Iseran . Ci-dessous, vue vers l'ouest.
Et quelques mètres après, vue vers l'est... Là, j'ai emmené la moto à l'écart de la piste, histoire de me dire que cette moto peut m'emmener vraiment partout... ("Unstoppable" est leur slogan, il me semble...)
(Géoloc' ici)
Quelques centaines de mètres après, le point de vue le plus époustouflant fut celui-ci...
(Géoloc ici)
Prise du même endroit que celle ci-dessus, la vue sur le village de Koçbashi, et l'Iran en arrière plan...
Et puis j'ai tourné une petite vidéo du site, tant c'était beau (cliquez ici).
Et voilà pour ce voyage le long de la frontière iranienne....... Ensuite, je pensais prendre encore pas mal de pistes, mais les décors m'ont beaucoup déçu et les pistes étaient vraiment en mauvais état. J'ai donc préféré tracer directement jusque Dogubayazit.
Même si bien entendu, je m'attendais à voir le monstre, quand il est apparu (quelques dizaines de km avant Dogubayazit), ça m'a bien entendu fait un choc. Je vous présente donc le Mont Ararat, culminant à 5137 mètres.
(Géoloc' ici)
Cette journée est découpée en deux. La première partie, le matin, a été la partie la plus sauvage (et objectivement la plus belle, je pense - même si mon affect m'a fait préférer d'autres parties de ce trip) de mon trip en Turquie. Avec des paysages époustouflants, en altitude jusque près de 2800m, pas une route bitumée à plus de 30km à la ronde, l'Iran à ma droite dont je pouvais souvent voir la frontière sur les crêtes des montagnes environnantes, une température idéale, une piste de velours, et des aigles qui m'accompagnaient à un moment... La seconde partie, l'après-midi, a été beaucoup moins agréable et belle. Mais en y réfléchissant, là, enfoncé dans mon canapé, je me dis que j'en avais tellement pris plein la figure durant les heures qui avaient précédé que le choc ne pouvait être que très difficile à vivre, une fois de retour dans une certaine civilisation. En tout cas, l'absence de photos prises pendant cette seconde partie (sauf à la toute fin, mais ... surprise) est bien la preuve de mon état d'esprit peu enclin à la rêverie...
Prêt(e) ? C'est parti......
Voici le trajet de la matinée (vous le verrez avec l'échelle, l'Iran n'est pas loin... ) :
Départ de Yavuslar après m'être fait inviter à petit déjeuner chez Altan, à six heures du mat' (les femmes étaient déjà debout depuis quelque temps tandis que les paupières encore à moitié fermées des hommes témoignaient d'un réveil encore tout proche...).
L'arrivée à Esmepinar est ... glauque. Mais cela me permet de vraiment prendre conscience (au cas où j'en aurais eu besoin) que je me trouve très loin de chez moi, dans un univers de pistes à perte de vue, sur ma moto dont je savais qu'elle n'avait pas encore parcouru la moitié de son périple. Une centaine de mètres avant l'entrée du village, je vois un "objet" sur la route. D'habitude (désolé), ce sont des chiens écrasés sur la route. Mais là, c'était plus petit. Puis je lève le regard et vois que j'arrive sur un poste militaire, avec des barbelés de part et d'autre de la route, et un militaire sur le bord de la route, à l'entrée du poste, avec sa mitraillette. Je continue (doucement) ma route et passe devant cet "objet" sur la route qui était en fait un chiot mort, dans une flaque de sang encore rouge. Je n'ai pas trop le temps de réaliser, que je suis déjà au niveau du militaire qui me regarde pas super gentiment, et là, trois gros chiens me courent après en aboyant comme si c'était moi qui avais tué ce chiot. Je ne pouvais pas accélérer et vite partir de cet endroit que je trouvais malsain car j'aurais pu faire croire au militaire que je prenais la fuite. Cet épisode n'a duré que quelques secondes, mais m'a assez marqué. (Je vous rassure, il n'avait ni entamé ma confiance que j'avais dans les personnes, ni ma joie de parcourir ces contrées qui me furent si étrangères, et tellement belles......) La sortie d'Esmepinar est beaucoup moins glauque, mais non moins ... étrange. Ce village est suffisamment grand pour qu'il y ait beaucoup de "rues" (comme d'hab' dans ces villages, ces "rues" sont des chemins de terre avec des ornières partout, et tout autant de détritus sur lesquels on roule et dont on espère qu'ils ne contiennent pas de verre coupé). Je me suis un peu perdu dans ce village, demande mon chemin, et là, je tombe sur un type du village qui m'explique comment sortir du village ... dans un français presque parfait.
Voici quelques photos entre Esmepinar et Turanköy... Il n'est pas loin de huit heures du mat', le décor est aride, sans qu'il ne fasse encore trop chaud...
Juste avant d'arriver à Turanköy, la vue sur cet espace grandiose, avec l'Iran en arrière plan (vue vers le sud)...
Puis apparaît Turanköy (vue vers le nord)...
La traversée de Turanköy est beaucoup plus calme que celle du précédent village, et je me dirige alors plus ou moins au feeling car Google Maps s'arrêtait là pour le tracé de la piste (j'avais imprimé mon parcours le long des frontières iranienne et arménienne en faisant des copies d'écran de Google Maps, à l'échelle 1/150.000 environ, sur 22 pages A4 !)... Mais aucun souci, je continue sur la bonne piste... Et je rentre dans une petite vallée bien encaissée, qui allait me conduire vers un superbe col auquel je ne m'attendais pas !!
Et me voici quasiment en haut du col, 2790m (merci Google Earth qui permet d'avoir l'altitude de n'importe quel point sur le globe...), donc plus haut que le col de l'Iseran . Ci-dessous, vue vers l'ouest.
Et quelques mètres après, vue vers l'est... Là, j'ai emmené la moto à l'écart de la piste, histoire de me dire que cette moto peut m'emmener vraiment partout... ("Unstoppable" est leur slogan, il me semble...)
(Géoloc' ici)
Quelques centaines de mètres après, le point de vue le plus époustouflant fut celui-ci...
(Géoloc ici)
Prise du même endroit que celle ci-dessus, la vue sur le village de Koçbashi, et l'Iran en arrière plan...
Et puis j'ai tourné une petite vidéo du site, tant c'était beau (cliquez ici).
Et voilà pour ce voyage le long de la frontière iranienne....... Ensuite, je pensais prendre encore pas mal de pistes, mais les décors m'ont beaucoup déçu et les pistes étaient vraiment en mauvais état. J'ai donc préféré tracer directement jusque Dogubayazit.
Même si bien entendu, je m'attendais à voir le monstre, quand il est apparu (quelques dizaines de km avant Dogubayazit), ça m'a bien entendu fait un choc. Je vous présente donc le Mont Ararat, culminant à 5137 mètres.
(Géoloc' ici)
Dernière édition par loic_dv le Jeu 23 Oct 2014, 6:48 pm, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
MB0769 a écrit:Bonjour Loic,
Bravo pour ton superbe CR. Y'a un sacré boulot ! On voit (entre les lignes) que tu t'es sacrément régalé. Et tu nous fait saliver....
Ne disposant que d'env 10 jours de vacances est-ce qu'une partie de de ton périple au départ de Lyon serait envisageable sur une courte période ? Ou éventuellement sais tu si des trail peuvent se louer à Istanbul ?
Merci MB0769 !
Alors, faire l'aller retour en Turquie en 10 jours, c'est chaud. Lyon-Istanbul peut se faire en trois jours. Ce qui fait au total 6. Donc, il n'en reste plus que 4 pour la Turquie... En 4 jours, on peut faire un beau petit tour autour d'Ankara (les alentours d'Ankara sont très beaux), en partant puis revenant à Istanbul, mais 6 jours de trajets jusqu'en Turquie pour 4 jours sur place, je trouve ça un peu disproportionné.
Pour un séjour si court, il vaut mieux louer, je pense. WRichter l'a fait (clique ici pour accéder à son CR), et il pourra bien t'en parler !
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
GP26 a écrit:Bonjour Loïc,
Merci pour ce magnifique CR, ce voyage et le récit que tu en fait, les superbes photos et les personnes authentiques rencontrées me font rêver.
Quel matériel photo emportes tu?
Concernant le matos photo, j'embarque le même appareil photo depuis mes premiers trips, qui s'en est pris plein la figure, est tombé quelques fois, et résiste à tout ça : un Canon G9. Après mon réflexe argentique, je n'avais pas voulu un gros appareil photo. Mais je voulais un appareil avec un gros capteur numérique. Le G9 en faisait à l'époque partie, et aujourd'hui, le G16 est une référence dans les compacts dits "experts". J'ai pris toutes mes photos en JPG, mais la prochaine fois, je les prendrai en RAW pour moins perdre en définition suite à mes retouches. J'utilise Photoshop pour retoucher mes photos, leur donner un peu plus de pep's, sans j'espère les dénaturer. Et quand vous trouvez une photo super belle avec des couleurs étonnantes, dites vous que ce sont ces couleurs que mes yeux ont vues, même si l'appareil lui, n'avait pas pu les voir - et Photoshop lui a alors fait retrouver la vue.
L'inconvénient de cet appareil est la taille de son viseur : ce qu'il y a dans le viseur est bien moins grand que ce que je prends. Par conséquent, j'ai très souvent dû prendre les photos à partir de l'écran derrière l'appareil, ce qui m'a souvent fait prendre la photo pas droite.
Aujourd'hui, j'hésite à changer d'appareil, car avec un coup de Photoshop, je suis vraiment content du rendu des photos. Et si je change, ce serait pour rester sur du compact, voire du bridge, Mais pas du réflex : je veux pouvoir continuer de rouler avec l'appareil en bandoulière, même sur des pistes bien cassantes -- ce qui me semble difficile avec un réflex !
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Ah la la que de souvenirs... en 2012 j'y suis passé et c'est BONHEUR... par contre le lac salé je ne l'ai pas vu car sous un orange monstre impossible de le trouver...
J'ai une excuse pour y retourner.
seul bémol... pour ce pays c'est le prix de l'essence, mais à chaque plein le thé est offert et même desfois le repas... et oui.2
J'ai une excuse pour y retourner.
seul bémol... pour ce pays c'est le prix de l'essence, mais à chaque plein le thé est offert et même desfois le repas... et oui.2
moyen- Nombre de messages : 387
Age : 59
Localisation : Aix les Bains
Moto : F 800 GS
Département : 73
Date d'inscription : 10/12/2011
scotchée...
Bonjour Loïc...
Bien que peu attirée d'un prime abord par ce pays, que je ne connais pas d'ailleurs... et sur lequel je n'ai jamais rien lu, et disposant d'un peu de temps pour la lecture, je suis "tombée" sur ton post...
Voilà plus d'une heure que je voyage en Turquie, et que, à mon grand étonnement, j'y prends un plaisir énorme...
J'ai pas mal roulé ma bosse, et jusqu'à aujourd'hui, je pensais avoir touché de prêt le "baroudage"... , mais je suis une petite joueuse à côté de toi !!
MERCI ! merci vraiment pour ce partage que tu fais avec brio, telle l'envie d'en lire encore et encore est bien là !
Alors vite, j'attends la suite...
Et ton récit confirme ce dont je suis convaincue... : peu importe la destination, l'important reste la route qui y mène et les rencontres qu'on peut y faire...
Bien que peu attirée d'un prime abord par ce pays, que je ne connais pas d'ailleurs... et sur lequel je n'ai jamais rien lu, et disposant d'un peu de temps pour la lecture, je suis "tombée" sur ton post...
Voilà plus d'une heure que je voyage en Turquie, et que, à mon grand étonnement, j'y prends un plaisir énorme...
J'ai pas mal roulé ma bosse, et jusqu'à aujourd'hui, je pensais avoir touché de prêt le "baroudage"... , mais je suis une petite joueuse à côté de toi !!
MERCI ! merci vraiment pour ce partage que tu fais avec brio, telle l'envie d'en lire encore et encore est bien là !
Alors vite, j'attends la suite...
Et ton récit confirme ce dont je suis convaincue... : peu importe la destination, l'important reste la route qui y mène et les rencontres qu'on peut y faire...
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
loic_dv a écrit:[
Aujourd'hui, j'hésite à changer d'appareil, car avec un coup de Photoshop, je suis vraiment content du rendu des photos. Et si je change, ce serait pour rester sur du compact, voire du bridge, Mais pas du réflex : je veux pouvoir continuer de rouler avec l'appareil en bandoulière, même sur des pistes bien cassantes -- ce qui me semble difficile avec un réflex !
j utilise un reflex et je roule avec en bandoulière, et même sur les pistes himalayennes et ça ne m'a jamais posé de pb.....
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
J10 : Dogubayazit
Cette journée sera ma seconde et dernière "pause" de mon trip avant mon retour à Istanbul (ma première avait été celle octroyée à Tatvan, pour me balader dans le cratère du Nemrut Dagi). Ce jour là, j'ai roulé autour de Dogubayazit, en ayant donc dormi deux nuits dans un camping municipal.
La fin de la neuvième journée (petit retour en arrière, donc) s'était déroulée devant ce si fameux mont Ararat. Je cherche le camping que j'avais repéré avant de partir, et qui s'est révélé parfait !! Ambiance très bonne, très peu de monde (max deux tentes, dont la mienne, et trois camping-cars en tout et pour tout), des locaux venant jouer du saz, le thé offert pour tous les clients, à deux pas du palais d'Ishak Pasha, la possibilité de garer sa moto à côté de sa tente (pas utile, bien entendu), de la bonne bouffe préparée par le patron du camping, et le tout pour 7,5 TL la nuit (moins de 3 euros) -- bon, les sanitaires laissaient un peu à désirer, mais franchement, quand on part dans un trip comme ça, le slogan de T3 "la vie commence en dehors de sa zone de confort" est on ne peut plus approprié. Et le top du top, ça a été que de ma tente, je pouvais voir au loin le palais d'Ishak Pasha du haut de sa montagne ! Mais je me suis retenu d'aller le voir, j'y suis allé le lendemain matin (le matin de la dixième journée, donc -- c'est bon, vous suivez ?! ).
Le palais vu d'en bas, le soleil commençant tout doucement à réchauffer ses murailles...
Et puis vu d'en haut...
Et celle qui est devenue mon avatar tant elle représente pour moi cette échappée aux portes de l'Orient...
Passés ces instants de presque méditation, je regarde ma carte IGN, et ce que je peux faire durant cette journée ! Je n'avais rien prévu pour cette journée. Et je vois sur la carte qu'il y a une piste qui part sud-est. C'est parti ! (Cf. ici pour revoir la carte de mon trip, et en particulier la piste que j'ai prise cette matinée là -- à l'écart près que j'ai dû faire car la piste à un endroit s'était écroulée.)
Je roule alors sur une piste de velours jusqu'à la sortie de Besler, où je dois m'arrêter faire le point : la piste principale s'est écroulée, et je dois trouver une autre piste pour continuer ma route :
(Géoloc' ici)
A ce moment là, j'ai vraiment adôôôré : j'ai pris mon téléphone, ai choppé les coordonnées GPS que m'indiquait mon application, ai fait quelques calculs de règle de trois, pris mon double-décimètre, et ai repéré sur ma carte IGN où j'étais précisément dans ce coin totalement perdu ! Deuxième étape, je savais que par rapport à ma position, je devais partir sud-est, donc je prends ma boussole achetée trois semaines avant chez Décat', et c'est comme ça que j'ai choisi la bonne piste parmi les quelques unes qui se présentaient à moi dans le coin !! (Et quelle satisfaction lorsque j'ai retrouvé la piste principale, plus tard...)
Et voici les paysages sur lesquels je suis tombé. Les grand et petit monts Ararat (respectivement à 5137 et 3896 mètres), sans nuage accroché aux sommets en cette heure matinale...
(Géoloc' ici -- merci à Google Earth qui m'a permis, grâce au relief, de retrouver le lieu de prise de cette photo !)
(Géoloc' ici)
Je rejoins alors la deux fois deux voies qui part vers l'Iran (la frontière est alors à 10 km à ma droite). J'hésite à faire un petit coucou aux douaniers, mais me ravise. J'imaginais en effet mal me pointer devant le poste frontière, puis faire demi tour devant les douaniers devant le poste en disant avec mon plus grand sourire "mais j'vous jure, Monsieur le douanier, que je voulais seulement voir à quoi ressemblait la frontière turco-iranienne !"... (Petit clin d'oeil ici.)
Mon intention était alors d'aller au pied du Mont Ararat. Ca a été un echec, les pistes étaient trop cassantes, et à cette époque, j'avais un peu peur que les vibrations infligées à la moto depuis le début de mon trip provoquent une rupture de pièce mécanique, alors que j'étais à près de 5000 bornes de Paris... (Depuis mon retour, on m'a vraiment rassuré en me disant que ces motos sont aussi faites pour ça.) Mais j'ai pu voir quand même de belles choses !
(Géoloc' ici)
Et la lave solidifiée au pied du Mont Ararat...
(Géoloc' ici)
Puis quelques dizaines de mètres après vint la seconde et dernière chute de mon trip ! J'ai fait demi-tour en m'engageant juste après dans ce chemin dont je n'avais pas remarqué qu'il était si ... sablonneux !
(J'allais relever la moto au moment où j'ai pris la photo, d'où la béquille sortie et le cailloux prêt à accueillir la béquille, pour éviter que la moto ne retombe de l'autre côté en la relevant !)
Et là, je me dis qu'il est temps de rentrer à Dogubayazit, et d'aller faire des emplettes (et changer mes euros), des épices en l'occurrence... Je me suis posé une bonne heure et demie dans un salon de thé, sur la rue principale. Il y avait beaucoup de touristes iraniens. Et là, j'ai été transporté en Orient. A cet endroit là, je n'étais plus en occident. Et la prise de conscience du lieu où je me trouvais, et du chemin que j'avais parcouru depuis le 20ème arrondissement de Paris est alors montée en moi aussi doucement mais surement que ce liquide chaud et parfumé descendait au fond de ma gorge... Je ne pouvais pas décoller de mon siège. J'ai dû alors boire probablement trois ou quatre thés dans ce salon de thé... Ce que je me suis souvent dit durant ce trip, et particulièrement à ce moment là, c'est que si j'avais pris l'avion de Paris jusque Dogubayazit, puis loué une moto à Dogubayazit, j'aurais pris (je pense) les mêmes photos. (Au détail près que la plaque d'immatriculation n'aurait pas été française.) Et c'est parce que ces photos sont au moins autant des photos de moments passés que de paysages, que je ne pouvais pas vous faire un CR avec seulement des photos se succédant, car vous n'y auriez vu "que" du paysage, alors qu'il y a tellement plus à partager...
Avant de rejoindre mon camping, une dernière photo de la ville...
Cette journée sera ma seconde et dernière "pause" de mon trip avant mon retour à Istanbul (ma première avait été celle octroyée à Tatvan, pour me balader dans le cratère du Nemrut Dagi). Ce jour là, j'ai roulé autour de Dogubayazit, en ayant donc dormi deux nuits dans un camping municipal.
La fin de la neuvième journée (petit retour en arrière, donc) s'était déroulée devant ce si fameux mont Ararat. Je cherche le camping que j'avais repéré avant de partir, et qui s'est révélé parfait !! Ambiance très bonne, très peu de monde (max deux tentes, dont la mienne, et trois camping-cars en tout et pour tout), des locaux venant jouer du saz, le thé offert pour tous les clients, à deux pas du palais d'Ishak Pasha, la possibilité de garer sa moto à côté de sa tente (pas utile, bien entendu), de la bonne bouffe préparée par le patron du camping, et le tout pour 7,5 TL la nuit (moins de 3 euros) -- bon, les sanitaires laissaient un peu à désirer, mais franchement, quand on part dans un trip comme ça, le slogan de T3 "la vie commence en dehors de sa zone de confort" est on ne peut plus approprié. Et le top du top, ça a été que de ma tente, je pouvais voir au loin le palais d'Ishak Pasha du haut de sa montagne ! Mais je me suis retenu d'aller le voir, j'y suis allé le lendemain matin (le matin de la dixième journée, donc -- c'est bon, vous suivez ?! ).
Le palais vu d'en bas, le soleil commençant tout doucement à réchauffer ses murailles...
Et puis vu d'en haut...
Et celle qui est devenue mon avatar tant elle représente pour moi cette échappée aux portes de l'Orient...
Passés ces instants de presque méditation, je regarde ma carte IGN, et ce que je peux faire durant cette journée ! Je n'avais rien prévu pour cette journée. Et je vois sur la carte qu'il y a une piste qui part sud-est. C'est parti ! (Cf. ici pour revoir la carte de mon trip, et en particulier la piste que j'ai prise cette matinée là -- à l'écart près que j'ai dû faire car la piste à un endroit s'était écroulée.)
Je roule alors sur une piste de velours jusqu'à la sortie de Besler, où je dois m'arrêter faire le point : la piste principale s'est écroulée, et je dois trouver une autre piste pour continuer ma route :
(Géoloc' ici)
A ce moment là, j'ai vraiment adôôôré : j'ai pris mon téléphone, ai choppé les coordonnées GPS que m'indiquait mon application, ai fait quelques calculs de règle de trois, pris mon double-décimètre, et ai repéré sur ma carte IGN où j'étais précisément dans ce coin totalement perdu ! Deuxième étape, je savais que par rapport à ma position, je devais partir sud-est, donc je prends ma boussole achetée trois semaines avant chez Décat', et c'est comme ça que j'ai choisi la bonne piste parmi les quelques unes qui se présentaient à moi dans le coin !! (Et quelle satisfaction lorsque j'ai retrouvé la piste principale, plus tard...)
Et voici les paysages sur lesquels je suis tombé. Les grand et petit monts Ararat (respectivement à 5137 et 3896 mètres), sans nuage accroché aux sommets en cette heure matinale...
(Géoloc' ici -- merci à Google Earth qui m'a permis, grâce au relief, de retrouver le lieu de prise de cette photo !)
(Géoloc' ici)
Je rejoins alors la deux fois deux voies qui part vers l'Iran (la frontière est alors à 10 km à ma droite). J'hésite à faire un petit coucou aux douaniers, mais me ravise. J'imaginais en effet mal me pointer devant le poste frontière, puis faire demi tour devant les douaniers devant le poste en disant avec mon plus grand sourire "mais j'vous jure, Monsieur le douanier, que je voulais seulement voir à quoi ressemblait la frontière turco-iranienne !"... (Petit clin d'oeil ici.)
Mon intention était alors d'aller au pied du Mont Ararat. Ca a été un echec, les pistes étaient trop cassantes, et à cette époque, j'avais un peu peur que les vibrations infligées à la moto depuis le début de mon trip provoquent une rupture de pièce mécanique, alors que j'étais à près de 5000 bornes de Paris... (Depuis mon retour, on m'a vraiment rassuré en me disant que ces motos sont aussi faites pour ça.) Mais j'ai pu voir quand même de belles choses !
(Géoloc' ici)
Et la lave solidifiée au pied du Mont Ararat...
(Géoloc' ici)
Puis quelques dizaines de mètres après vint la seconde et dernière chute de mon trip ! J'ai fait demi-tour en m'engageant juste après dans ce chemin dont je n'avais pas remarqué qu'il était si ... sablonneux !
(J'allais relever la moto au moment où j'ai pris la photo, d'où la béquille sortie et le cailloux prêt à accueillir la béquille, pour éviter que la moto ne retombe de l'autre côté en la relevant !)
Et là, je me dis qu'il est temps de rentrer à Dogubayazit, et d'aller faire des emplettes (et changer mes euros), des épices en l'occurrence... Je me suis posé une bonne heure et demie dans un salon de thé, sur la rue principale. Il y avait beaucoup de touristes iraniens. Et là, j'ai été transporté en Orient. A cet endroit là, je n'étais plus en occident. Et la prise de conscience du lieu où je me trouvais, et du chemin que j'avais parcouru depuis le 20ème arrondissement de Paris est alors montée en moi aussi doucement mais surement que ce liquide chaud et parfumé descendait au fond de ma gorge... Je ne pouvais pas décoller de mon siège. J'ai dû alors boire probablement trois ou quatre thés dans ce salon de thé... Ce que je me suis souvent dit durant ce trip, et particulièrement à ce moment là, c'est que si j'avais pris l'avion de Paris jusque Dogubayazit, puis loué une moto à Dogubayazit, j'aurais pris (je pense) les mêmes photos. (Au détail près que la plaque d'immatriculation n'aurait pas été française.) Et c'est parce que ces photos sont au moins autant des photos de moments passés que de paysages, que je ne pouvais pas vous faire un CR avec seulement des photos se succédant, car vous n'y auriez vu "que" du paysage, alors qu'il y a tellement plus à partager...
Avant de rejoindre mon camping, une dernière photo de la ville...
Dernière édition par loic_dv le Mer 08 Oct 2014, 8:32 pm, édité 4 fois
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Encoooooooooore !!
je suis tout à fait d'accord avec toi, pour moi le vrai voyage à moto, comme à vélo d'ailleurs, commence à la porte de la maison...
la route, ce qu'on appelle souvent "la liaison" fait partie intégrante du voyage, et perso, les liaisons m'ont souvent réservé de belles surprises que j'aurais manqué en prenant l'avion ou le train pour rejoindre un point de départ à 1000 kms plus loin !
bravo, j'attends la suite avec impatience...
je suis tout à fait d'accord avec toi, pour moi le vrai voyage à moto, comme à vélo d'ailleurs, commence à la porte de la maison...
la route, ce qu'on appelle souvent "la liaison" fait partie intégrante du voyage, et perso, les liaisons m'ont souvent réservé de belles surprises que j'aurais manqué en prenant l'avion ou le train pour rejoindre un point de départ à 1000 kms plus loin !
bravo, j'attends la suite avec impatience...
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
J11 : Dogubayazit -> Köseler
Cette journée là a été la plus riche, la plus intense, la plus ... marquante de tout mon périple pour toutes les "choses" que j'ai vécues en seize heures. De plus, elle s'est produite au meilleur moment de mon trip, c'est-à-dire entre la route de la soie (Dogubayazit) et l'ancienne capitale de la Grande Arménie, Ani, la destination finale de mon trip. Vous comprendrez alors, je pense, et après avoir lu le CR de cette journée, la raison pour laquelle j'ai eu un peu de mal à m'endormir, à la fin de la journée...
Je quitte Dogubayazit à 6h du mat', en contournant le Mont Ararat par l'ouest, et j'ai alors droit à une vue splendide de la face nord, bien plus enneigée que la face sud...
Avec ses coulées de lave...
(Géoloc' ici)
Ensuite, pendant une heure de route, il ne se passe pas grand-chose (je prends, sans m'en rendre compte alors, ma ... respiration). C'est quelques km après Igdir que tout s'accélère, et il n'est qu'à peine 9h du mat'............
Parenthèse, j'attendais, avec une impatience de gamin qui n'en peut plus d'attendre que le Père Noël ne passe, de voir la frontière turco-arménienne. Cette frontière, fermée depuis 1993 (cf. ici pour plus d'infos -- merci à Preludenrem pour m'avoir passé pas mal d'infos sur le sujet), possédait donc non seulement une histoire forte, mais en plus était matérialisée par un splendide canyon au fond duquel coule la rivière Araxe, et dont les rares photos que j'avais vues sur le Net m'avaient totalement subjugué. Ainsi, quand j'ai vu sur ma droite les premières "images" de cette frontière, j'ai dû frôler la tachycardie.
(L'Arménie est le plateau que vous voyez au fond au centre et à droite de la photo ci-dessous. Une des très rares photos que j'ai de la frontière -- mais ... shut )
(Géoloc' ici)
Second effet kisscool, les couleurs de cette région. Incroyablement rouge, ocre, jaune, et ... verte par endroit...
(Géoloc' ici)
Avec le Tekelti Dagi régnant sur cet espace à en faire pâlir les décors du film Paris, Texas, de Wim Wenders...
(Géoloc' ici)
Et toujours cette frontière, noire de sa roche, telle un fantôme discret mais toujours présent, rôdant...
Allez, cette fois-ci, je ... plonge, me sentant littéralement happé par cette frontière...
Je passe le croisement où tout droit l'on va vers Erzurum, et à droite, vers Kars et la frontière... La route monte sur le plateau turc, séparé du plateau arménien par ce canyon magistral dont vous avez pu voir deux photos ci-dessus. Arrivé en haut, l'Arménie se dresse devant moi, avec ses miradors. Ci-dessous, déçus forcément que vous serez, on n'entrevoit qu'à peine le canyon-frontière, avec à une gauche invisible, l'Arménie...
(Géoloc' ici)
Je poursuis ma route que j'avais bien préparée de Paris, cette fameuse portion dont je rêvais depuis des semaines, où je devais longer la frontière par la piste. Prochaine étape une fois sur le plateau, une église arménienne en ruine, localisée sur la carte IGN. Je prends donc la piste me menant au village de Kilittashi, au bord de la rivière-frontière Araxe, et tombe sur cette église, cachée entre les arbres... Ca y est, j'ai devant moi enfin les vestiges historiques de la Grande Arménie, une belle introduction dans l'univers d'Ani dans lequel je me complairai pendant des heures le lendemain... J'arrive à prendre une ou deux photos, puis repars. Prochaine étape, les ruines d'un château à à peine 1 km plus au nord, mais je dois faire demi-tour pour reprendre une autre piste. Arrivé ici, je me trouve face à un dilemme. D'un côté, le château en ruine est théoriquement plus loin vers l'est en continuant donc tout droit sur la piste sur laquelle je suis, mais d'un autre (et vous pouvez le voir sur la carte satellite quand vous avez cliqué sur "ici" à l'instant), je me trouve à 700 mètres devant un truc qui ressemble à une base militaire. Sans prendre les jumelles pour m'en assurer, j'ai quand même vu deux personnes faire des allers et retours devant une barrière avec, intuitivement, une arme dans le dos. Mais j'ai vraiment envie de voir les ruines de ce château, à la fois. Ggrr. Finalement, je décide de rebrousser chemin, mais en me disant "de toute façon, je ne fais rien de mal, ils ne vont pas me tirer dessus !"... Je repars donc, frustré, sur une piste avec des cailloux et graviers partout, en regardant dans mes rétros si je ne suis pas suivi. Rien. Ouf. Je continue en suivant mon tracé imprimé sur feuille A4 pour continuer de longer la frontière. Prochain arrêt, Karabag. Je rentre dans le village, demande aux villageois si la piste sur laquelle je suis va bien à Alem, un village étape, où je pensais dormir avant la fabuleuse journée à Ani du lendemain. On discute un peu, et là, je vois arriver dans mes rétros une jeep militaire. Je ne moufte pas devant les villageois. Eux commencent à faire la grimace du genre "qu'est-ce qu'ils viennent faire là ?" Secrètement sans leur dire, je me dis "ok, ça, c'est pour moi !". Mais je continue de leur parler comme si cette jeep ne me concernait pas. Un officier se présente à moi, à ma gauche, sans arme, en me demandant si c'était bien moi, tout à l'heure, la personne qui se trouvait devant la base. J'ai répondu que oui, et ai commencé le plus gentiment du monde à lui raconter mon trip, que je ne voulais aucun problème, et tout et tout. A ma droite est arrivé un militaire avec une mitraillette... Il n'avait pas l'air méchant, mais curieusement, ne rigolait pas. Au bout d'un moment, comme, quand même, je ne comprends pas des masses ce qu'il me demande (mon turc après deux trois semaines d'apprentissage dans un bouquin a trouvé très rapidement ses limites !), il me dit, en anglais cette fois-ci "follow me". Bon, je dois avouer que c'était assez impressionnant comme situation ! Ils étaient en tout trois ou quatre (le chauffeur de la jeep est resté dans la voiture). Trois ou quatre pour moi tout seul !... Bref. La jeep redémarre, et je la suis en moto. Sauf qu'ils ont foncé sur la piste, et moi, je devais les suivre en moto sur cette piste vraiment pas sympa, en gravier / cailloux, tout sauf de la piste de velours comme je les aime ! Je suis la jeep, les deux militaires à l'arrière me regardant avec chacun leur mitraillette ! Je n'ai pas peur, mais quand même. (De quoi aurais-je peur ?) Il y a alors un mélange d'excitation (pour info, je n'ai jamais vu le film Midnight Express) et d'anxiété. Mais j'étais surtout à ce moment là super concentré sur ma conduite ! Car si je ralentissais, ils auraient pu penser je ne sais quoi ! On roule, et je me rends alors compte que nous nous dirigeons vers la base militaire de tout à l'heure. La jeep rentre dans la base, puis je passe la barrière qui s'est levée, fais signe de la tête aux deux militaires en faction, puis rentre et me gare là où l'on me demande de me garer. A ce moment là, je suis donc ... ici. Arrive alors un officier plus gradé que le précédent, en souriant, et me demande en anglais "can I help you?". Ca ne s'invente pas !! Franchement, j'avais une cruelle envie de lui répondre "oui, grave, vous pouvez m'aider ! Je veux prendre en photo le château en ruine tout près de votre base, donc, si vous pouviez m'escorter avec votre jeep jusqu'au château pour que je le prenne en photo, ça serait super cool de votre part !". Je me ravise. Faut pas déconner, ce sont quand même des militaires, dans un pays que je ne connais pas, et dans une base militaire au bord d'une frontière interdite truffée de miradors arméniens sur le plateau d'en face ! (Et, petit détail, je n'ai pas fait mon service militaire, donc ne connais aucun des "codes" de l'armée.) Donc, je lui raconte, en anglais cette fois-ci, mon périple... Les cartes collées de part et d'autre de mes valises le confortent dans mes propos. Il a l'air convaincu, prend un ton "gentil", et me dit que je suis dans une "danger zone", qu'il ne faut pas circuler par là. Je lui montre sur la carte que je veux aller à Alem par les pistes, et il me répond que non, ce n'est pas possible. Je me liquéfie (intérieurement) de déception. P..., j'attends ce moment de longer la frontière depuis des semaines, et l'on me dit que ... ce n'est pas possible ! Il me demande de chopper la route principale vers Kars et d'aller à Ani via cette route principale. Je lui dit "ok". (J’obtempère -- je pense que l'on dit ça comme ça.) Au moment de repartir, un autre officier lui dit quelque chose que je ne comprends pas, et celui qui parlait anglais me demande "can I see your pictures?". Alors là, p..., j'ai crié intérieurement. Et lui ai montré mes photos. L'autre officier regardait aussi mes photos. Et il s'est produit ce que je redoutais. Ils m'ont demandé de supprimer toutes les photos où l'on voyait la frontière arménienne. (Il se trouve que nous ne sommes pas remontés suffisamment en arrière, ce qui a fait que j'ai pu avoir en ma possession les deux photos de la frontière que j'ai mises plus haut dans ce CR.)
Je repars donc, avec plusieurs sentiments partagés. Le premier, la colère de ne plus avoir mes photos de la frontière, et savoir que je ne serai pas capable, sur ce forum (car il est bien clair que pendant tout ce voyage, je pensais à ce que j'allais vous écrire), de partager ces images. Le second, un léger stress post-événement car j'étais rentré pour la première fois de ma vie dans une base militaire, et pas pour des journées du patrimoine. Le troisième, l'excitation en me disant "ok, je n'ai plus mes photos, mais p..., quelle expérience hallucinante, géniale, je viens de vivre !!!!" Et donc très rapidement, c'est ce troisième sentiment qui l'a emporté !
Je prends donc la route principale menant vers Kars. Je roule jusque Digor où je déjeune (ces événements m'avaient bien ouvert l'appétit !) dans le jardin d'un type qui tenait sa petite épicerie, et qui m'y a invité !...
Une fois ma tête à froid, je ne tiens pas. Pas possible de passer à côté de la frontière, comme ça. Je regarde la carte, et vois qu'il y a une piste qui part de Digor et qui rejoint Alem. Je décide de la prendre. Je me dis que si je croise des militaires, je leur dirai que je suis tout près d'Ani, et les militaires m'avaient dit qu'autour d'Ani, il n'y avait aucun problème et que je pourrai prendre toutes les photos que je voulais une fois sur le site. C'est parti. Je me rapproche à nouveau de la frontière, je ... revis. L'objectif était de trouver un endroit où dormir dans le coin, car je voulais me savoir à quelques km seulement de ma destination finale, sans encore la toucher. Non. Attendre le lendemain. Cultiver un chouille la frustration. Et surtout, il était déjà plus de deux heures de l'aprèm, et j'avais décidé de passer toute une journée à Ani.
Je passe par Alem, mais ne le sens pas pour dormir. Non pas du tout que cela craignait ou quoi que ce soit, bien sûr, mais ... je me disais que ce n'était l'endroit. Je poursuis vers le nord est, me rapprochant ainsi de la frontière. J'arrive en haut d'une butte, vois un village en contre bas, et crois pouvoir distinguer, au loin, ... Ani. Je pose la moto ici pour faire un repérage à pied, en haut de la butte. Je grimpe là-haut, et ... oui, Ani est bien là, devant moi, à cinq km à vol d'oiseau.
Oui, je sais, vous ne voyez rien sur la photo ci-dessus. Et c'est normal, c'est en tout petit. C'est légèrement à droite des trois collines que vous voyez au fond. Et c'est parce que je distingue à peine Ani que je ne sais pas si je suis ou non en train de rêver... Je crois reconnaître la cathédrale que j'avais vue sur le Net avant de partir, et dont j'attendais avec tant d'impatience. (Ci-dessous la même vue, mais zoomée sur Ani.)
Sauf que. Sauf que très rapidement, je sors de mon rêve en voyant à ma droite un mirador, au loin, de l'autre côté de la frontière. Et je vous rappelle que les militaires m'avaient dit que j'étais dans une "danger zone". Et à ce moment là, je les ai crus, ces militaires. (Ce n'est qu'ensuite, le sur-lendemain, qu'un turc, un prof de socio d'Ankara que j'avais rencontré à Ani, m'avait dit que cette zone n'était pas du tout une zone de danger, et qu'ils avaient fait de l'excès de zèle -- au passage, j'avais oublié de vous dire, les militaires ne m'ont même pas demandé mes papiers, mon passeport, et tout et tout !! ) J'avais donc, devant moi aux jumelles, Ani, et à ma droite, aux jumelles toujours, ce gigantesque mirador. Nouveau dilemme. Je veux contempler Ani de là où je suis, j'avais attendu si longtemps pour me trouver face à elle. D'un autre côté, pour contempler Ani, je suis à "découvert". Avec mes jumelles de mauvaise qualité, je n'arrive pas à distinguer s'il y a ou non des militaires dans ce mirador. En revanche, je me dis que s'il y en a, eux, ils m'ont déjà vu en train de regarder dans leur direction, ce qui n'est très prudent. Ensuite, je me pose la question de savoir quelle est la portée d'une arme à feu... Je n'y connais absolument rien, mais me dis que je suis quand même à quelques km de ce mirador (vérification à l'aide de Google Satellite, 4 km). Donc, un, la probabilité que l'on me tire dessus doit quand même être très faible, et deux, même s'ils essayaient, ils auraient quand même peu de chances de m'atteindre. Bon, je dois vous avouer qu'au bout de quelques minutes de calculs probabilistes, je me suis déplacé de telle sorte à pouvoir encore voir Ani, sans ne plus avoir le mirador arménien en ligne de mire (enfin, l'inverse, moi dans leur ligne de mire). Je me rapproche d'une centaine de mètres, et je peux enfin me poser devant ce spectacle. Les larmes me montent alors aux yeux. Ca y est. J'y suis. Ma béhème a donc réussi à m'emmener jusque là.
Sur la photo ci-dessus, j'aimerais que vous vous y penchiez un chouille. Ca va vous aider à saisir la force du site, pour plus tard... La cathédrale d'Ani, qui a une forme de maison, sur la partie droite de la photo, juste à gauche d'une tour, est ... gigantesque. Ce n'est pas, contrairement à ce que vous pourrez penser quand vous verrez les photos du CR du lendemain, une maison à deux étages comme on en rencontre par chez nous... Non. regardez les baraques, autour, à gauche de la photo, et vous vous rendrez compte (j'espère) de la hauteur de cet édifice.
Je regarde vers le bas, Köseler semble m'attendre.
Je commence à repérer aux jumelles deux trois jardins dans lesquels je pourrais planter ma tente, histoire de savoir à quelles portes j'allais frapper pour demander l'hospitalité. Puis je redescends vers ma moto qui m'attend sagement. Je commence à rouler vers le village et passe à côté d'un berger à qui je fais un grand signe de bonjour ! Il (Yudjel, de son prénom) me répond avec un immense sourire ! Je m'arrête illico, pose la moto, et vais le voir pour lui demander si je peux planter ma tente dans le village. Et à partir de là commence la folle fin de journée à Köseler.
Il quitte ses brebis (ils étaient plusieurs bergers à garder le troupeau) et me demande de le suivre vers le village... Cela donne de belles scènes de contre-jour...
Yudjel tout fier d'être pris en photo. (Il voulait très souvent que je le prenne en photo ! Il a été mon accompagnateur durant cette fin de journée. Un type incroyablement sympa.)
J'arrive au centre du village, et me gare chez Ismael, un jeune type du village. Il me dit qu'il n'y a aucun problème pour que je campe dans son jardin, et hop, c'est parti pour la tournée générale de thé chaud, avec quelques autres gars du village... On papote, et en fond sonore, les tracteurs qui rentrent des champs et le tarare actionné par une immense courroie reliée à une petite roue à l'arrière d'un tracteur. Le tarare à un problème à un moment, je les aide un peu, et re-thé ! Puis Yudjel m'emmène faire une balade en haut du village.
Il est très fier de ses (trois) taureaux...
Et des rochers surplombant son village !
Le soir commence à tomber, sur Köseler, il est temps de rentrer. (Tout à l'heure, la butte sur laquelle j'étais pour observer Ani et le mirador est celle que vous voyez en arrière plan sur la photo.)
Sur le chemin du retour, on passe devant une voiture toute neuve, roulant sur les chemins totalement défoncés du village, avec à l'intérieur deux mecs en costard-cravate. Ca détonne, dans cet environnement ! Je comprends qu'ils parlent de moi avec Yudjel. Le conducteur, toujours assis sur son siège, me dit quelque chose comme "il n'est pas question que tu dormes dehors sous la tente, tu dors chez moi". Et je lui réponds que je suis ravi de sa proposition, et que je viendrai donc dormir chez lui ! Une fois la voiture repartie, Yudjel me dit que c'est Moktar, l'imam du village, et qu'il part célébrer un mariage dans le village voisin. (J'allais dormir chez un imam ?!! )
De retour, Ismael me dit qu'il est l'heure d'aller dîner ! Et nous partons à plusieurs vers une nouvelle maison du village... Sur le chemin, il me pose la question que beaucoup auparavant m'avaient posée sans l'avoir alors comprise (ce n'est que rétrospectivement à ce moment là à Köseler que j'ai compris !...) : est-ce que j'avais une femme (les deux autres questions qui revenaient le plus étaient mon âge et ce que je faisais comme métier). En lui répondant que non, je n'en avais pas, ils se sont mis à déconner en me disant que je devrais revenir en France avec une femme turque, qu'ils allaient essayer de me trouver une femme dans le village ! Et là, j'ai préféré ne pas partir sur ce chemin glissant, car je ne comprenais pas tout ce qu'ils me disaient (loin de là, évidemment), et je ne connaissais que trop peu leur culture et leur humour concernant ces choses là ! Donc, j'ai décliné leur "offre" -- même s'il y avait toutes les chances pour que ce ne fût que blagues entre hommes !
On rentre dans une maison, la maison de Mehmet, un gars super que j'ai alors rencontré quelques minutes après. Tous les hommes s'installent dans un grand salon entièrement tapissé du sol au plafond, les femmes restant dans la pièce par laquelle nous sommes passés, à savoir la cuisine. Peu de temps après, un homme assez âgé commence à lire des sourates. La cérémonie dure presque une heure, pendant laquelle je reste avec eux, assis ou me levant avec eux s'ils le faisaient, juste à la gauche de l'homme lisant les sourates. C'est un moment fort. Quand la cérémonie se termine, Mehmet qui s'était assis à côté de moi m'explique dans un anglais excellent que nous sommes dans sa maison, et que cette cérémonie était en l'honneur de son père décédé. (Il parlait très bien anglais car il était l'un des représentants officiels de la culture kurde, et qu'il allait souvent dans des conférences internationales pour parler de sa culture.) Il me dit aussi que la majorité des villageois n'avaient jamais vu de touristes de leur vie, et que le fait que j'aie suivi les mouvements (se lever, s'assoir, etc.) lors de la cérémonie les avait beaucoup impressionnés (alors que ne comprenant rien à ce qui se disait en arabe, je n'ai fait que naturellement suivre le mouvement.) A la fin de la cérémonie arrive le diner pour nous tous ! La nourriture arrive dans des barquettes de polystyrène, avec du riz, de la viande, et des crudités. L'ambiance est géniale, les hommes ne font plus attention à moi, je suis dans leur élément, telle une souris à taille humaine...
Yudjel me dit que nous devons désormais aller chez Moktar. Je quitte le salon et Mehmet me présente à ce moment là sa mère et ses soeurs, et me dit que sa maison m'est totalement ouverte pour la prochaine fois que je repasserai par Köseler. Il est plus de vingt et une heures, la nuit est totalement noire. Nous devons aller chez Moktar, et je dois prendre la moto !! Et là, je vous jure que j'ai repassé le permis moto, le parcours lent, mais beaucoup, beaucoup plus difficile ! Eclairage au phare, 40kg de bagages, un chemin totalement défoncé, bourré de petites et grosses pierres, des ornières de partout, et je roulais sans poser le pied par terre à l'allure de Yudjel et son pote qui marchaient tranquillement, sans se presser, vers la maison de Moktar !
Nous arrivons chez Moktar, mais il n'est pas revenu du son mariage. Nous l'attendons en buvant du thé. Pause photo :
Puis Moktar arrive. Sérieux, il ne rigole pas trop, mais s'assure tout le temps que je ne manque de rien. On prend un thé dans son salon (tout tapissé, comme tous les salons en Turquie, je pense). Plus tard, il dit quelque chose à sa femme, puis nous partons prendre un thé chez l'autre type qui était en costard, tout à l'heure, dans sa voiture. Quand nous rentrons chez Moktar pour aller dormir, je suis invité à rentrer dans le salon dans lequel nous avions pris le thé une heure auparavant, et là, je vois deux lits qui avaient été préparés, à l'aide de gros coussins et de couettes, séparés d'à peine un mètre. Je n'ai pas trop le temps de réaliser que la porte se referme, Moktar commence à retirer son T-shirt et son pantalon (non non !! N'allez pas croire que !!! ) , et je me mets aussi à me déshabiller ! Et franchement, cela me fait bizarre de me retrouver en caleçon à côté d'un imam lui aussi en caleçon et débardeur, prêt à nous endormir dans nos lits respectifs. On se souhaite "bonne nuit", et il éteint la lumière. Et là, je pense que maintenant, vous pouvez comprendre à quel point je n'ai pas pu m'endormir tout de suite. J'ai revécu des dizaines de fois avant de m'endormir tous les moments de cette journée qui a été la plus incroyable de ma vie, la plus forte. Et je m'endormais, là, à côté d'un imam d'un village, au bord de la frontière turco-arménienne interdite, situé à des dizaines de km d'une route goudronnée, et seulement quelques km de ma destination finale, Ani.
Incroyable journée. Et pourtant si vraie.
Cette journée là a été la plus riche, la plus intense, la plus ... marquante de tout mon périple pour toutes les "choses" que j'ai vécues en seize heures. De plus, elle s'est produite au meilleur moment de mon trip, c'est-à-dire entre la route de la soie (Dogubayazit) et l'ancienne capitale de la Grande Arménie, Ani, la destination finale de mon trip. Vous comprendrez alors, je pense, et après avoir lu le CR de cette journée, la raison pour laquelle j'ai eu un peu de mal à m'endormir, à la fin de la journée...
Je quitte Dogubayazit à 6h du mat', en contournant le Mont Ararat par l'ouest, et j'ai alors droit à une vue splendide de la face nord, bien plus enneigée que la face sud...
Avec ses coulées de lave...
(Géoloc' ici)
Ensuite, pendant une heure de route, il ne se passe pas grand-chose (je prends, sans m'en rendre compte alors, ma ... respiration). C'est quelques km après Igdir que tout s'accélère, et il n'est qu'à peine 9h du mat'............
Parenthèse, j'attendais, avec une impatience de gamin qui n'en peut plus d'attendre que le Père Noël ne passe, de voir la frontière turco-arménienne. Cette frontière, fermée depuis 1993 (cf. ici pour plus d'infos -- merci à Preludenrem pour m'avoir passé pas mal d'infos sur le sujet), possédait donc non seulement une histoire forte, mais en plus était matérialisée par un splendide canyon au fond duquel coule la rivière Araxe, et dont les rares photos que j'avais vues sur le Net m'avaient totalement subjugué. Ainsi, quand j'ai vu sur ma droite les premières "images" de cette frontière, j'ai dû frôler la tachycardie.
(L'Arménie est le plateau que vous voyez au fond au centre et à droite de la photo ci-dessous. Une des très rares photos que j'ai de la frontière -- mais ... shut )
(Géoloc' ici)
Second effet kisscool, les couleurs de cette région. Incroyablement rouge, ocre, jaune, et ... verte par endroit...
(Géoloc' ici)
Avec le Tekelti Dagi régnant sur cet espace à en faire pâlir les décors du film Paris, Texas, de Wim Wenders...
(Géoloc' ici)
Et toujours cette frontière, noire de sa roche, telle un fantôme discret mais toujours présent, rôdant...
Allez, cette fois-ci, je ... plonge, me sentant littéralement happé par cette frontière...
Je passe le croisement où tout droit l'on va vers Erzurum, et à droite, vers Kars et la frontière... La route monte sur le plateau turc, séparé du plateau arménien par ce canyon magistral dont vous avez pu voir deux photos ci-dessus. Arrivé en haut, l'Arménie se dresse devant moi, avec ses miradors. Ci-dessous, déçus forcément que vous serez, on n'entrevoit qu'à peine le canyon-frontière, avec à une gauche invisible, l'Arménie...
(Géoloc' ici)
Je poursuis ma route que j'avais bien préparée de Paris, cette fameuse portion dont je rêvais depuis des semaines, où je devais longer la frontière par la piste. Prochaine étape une fois sur le plateau, une église arménienne en ruine, localisée sur la carte IGN. Je prends donc la piste me menant au village de Kilittashi, au bord de la rivière-frontière Araxe, et tombe sur cette église, cachée entre les arbres... Ca y est, j'ai devant moi enfin les vestiges historiques de la Grande Arménie, une belle introduction dans l'univers d'Ani dans lequel je me complairai pendant des heures le lendemain... J'arrive à prendre une ou deux photos, puis repars. Prochaine étape, les ruines d'un château à à peine 1 km plus au nord, mais je dois faire demi-tour pour reprendre une autre piste. Arrivé ici, je me trouve face à un dilemme. D'un côté, le château en ruine est théoriquement plus loin vers l'est en continuant donc tout droit sur la piste sur laquelle je suis, mais d'un autre (et vous pouvez le voir sur la carte satellite quand vous avez cliqué sur "ici" à l'instant), je me trouve à 700 mètres devant un truc qui ressemble à une base militaire. Sans prendre les jumelles pour m'en assurer, j'ai quand même vu deux personnes faire des allers et retours devant une barrière avec, intuitivement, une arme dans le dos. Mais j'ai vraiment envie de voir les ruines de ce château, à la fois. Ggrr. Finalement, je décide de rebrousser chemin, mais en me disant "de toute façon, je ne fais rien de mal, ils ne vont pas me tirer dessus !"... Je repars donc, frustré, sur une piste avec des cailloux et graviers partout, en regardant dans mes rétros si je ne suis pas suivi. Rien. Ouf. Je continue en suivant mon tracé imprimé sur feuille A4 pour continuer de longer la frontière. Prochain arrêt, Karabag. Je rentre dans le village, demande aux villageois si la piste sur laquelle je suis va bien à Alem, un village étape, où je pensais dormir avant la fabuleuse journée à Ani du lendemain. On discute un peu, et là, je vois arriver dans mes rétros une jeep militaire. Je ne moufte pas devant les villageois. Eux commencent à faire la grimace du genre "qu'est-ce qu'ils viennent faire là ?" Secrètement sans leur dire, je me dis "ok, ça, c'est pour moi !". Mais je continue de leur parler comme si cette jeep ne me concernait pas. Un officier se présente à moi, à ma gauche, sans arme, en me demandant si c'était bien moi, tout à l'heure, la personne qui se trouvait devant la base. J'ai répondu que oui, et ai commencé le plus gentiment du monde à lui raconter mon trip, que je ne voulais aucun problème, et tout et tout. A ma droite est arrivé un militaire avec une mitraillette... Il n'avait pas l'air méchant, mais curieusement, ne rigolait pas. Au bout d'un moment, comme, quand même, je ne comprends pas des masses ce qu'il me demande (mon turc après deux trois semaines d'apprentissage dans un bouquin a trouvé très rapidement ses limites !), il me dit, en anglais cette fois-ci "follow me". Bon, je dois avouer que c'était assez impressionnant comme situation ! Ils étaient en tout trois ou quatre (le chauffeur de la jeep est resté dans la voiture). Trois ou quatre pour moi tout seul !... Bref. La jeep redémarre, et je la suis en moto. Sauf qu'ils ont foncé sur la piste, et moi, je devais les suivre en moto sur cette piste vraiment pas sympa, en gravier / cailloux, tout sauf de la piste de velours comme je les aime ! Je suis la jeep, les deux militaires à l'arrière me regardant avec chacun leur mitraillette ! Je n'ai pas peur, mais quand même. (De quoi aurais-je peur ?) Il y a alors un mélange d'excitation (pour info, je n'ai jamais vu le film Midnight Express) et d'anxiété. Mais j'étais surtout à ce moment là super concentré sur ma conduite ! Car si je ralentissais, ils auraient pu penser je ne sais quoi ! On roule, et je me rends alors compte que nous nous dirigeons vers la base militaire de tout à l'heure. La jeep rentre dans la base, puis je passe la barrière qui s'est levée, fais signe de la tête aux deux militaires en faction, puis rentre et me gare là où l'on me demande de me garer. A ce moment là, je suis donc ... ici. Arrive alors un officier plus gradé que le précédent, en souriant, et me demande en anglais "can I help you?". Ca ne s'invente pas !! Franchement, j'avais une cruelle envie de lui répondre "oui, grave, vous pouvez m'aider ! Je veux prendre en photo le château en ruine tout près de votre base, donc, si vous pouviez m'escorter avec votre jeep jusqu'au château pour que je le prenne en photo, ça serait super cool de votre part !". Je me ravise. Faut pas déconner, ce sont quand même des militaires, dans un pays que je ne connais pas, et dans une base militaire au bord d'une frontière interdite truffée de miradors arméniens sur le plateau d'en face ! (Et, petit détail, je n'ai pas fait mon service militaire, donc ne connais aucun des "codes" de l'armée.) Donc, je lui raconte, en anglais cette fois-ci, mon périple... Les cartes collées de part et d'autre de mes valises le confortent dans mes propos. Il a l'air convaincu, prend un ton "gentil", et me dit que je suis dans une "danger zone", qu'il ne faut pas circuler par là. Je lui montre sur la carte que je veux aller à Alem par les pistes, et il me répond que non, ce n'est pas possible. Je me liquéfie (intérieurement) de déception. P..., j'attends ce moment de longer la frontière depuis des semaines, et l'on me dit que ... ce n'est pas possible ! Il me demande de chopper la route principale vers Kars et d'aller à Ani via cette route principale. Je lui dit "ok". (J’obtempère -- je pense que l'on dit ça comme ça.) Au moment de repartir, un autre officier lui dit quelque chose que je ne comprends pas, et celui qui parlait anglais me demande "can I see your pictures?". Alors là, p..., j'ai crié intérieurement. Et lui ai montré mes photos. L'autre officier regardait aussi mes photos. Et il s'est produit ce que je redoutais. Ils m'ont demandé de supprimer toutes les photos où l'on voyait la frontière arménienne. (Il se trouve que nous ne sommes pas remontés suffisamment en arrière, ce qui a fait que j'ai pu avoir en ma possession les deux photos de la frontière que j'ai mises plus haut dans ce CR.)
Je repars donc, avec plusieurs sentiments partagés. Le premier, la colère de ne plus avoir mes photos de la frontière, et savoir que je ne serai pas capable, sur ce forum (car il est bien clair que pendant tout ce voyage, je pensais à ce que j'allais vous écrire), de partager ces images. Le second, un léger stress post-événement car j'étais rentré pour la première fois de ma vie dans une base militaire, et pas pour des journées du patrimoine. Le troisième, l'excitation en me disant "ok, je n'ai plus mes photos, mais p..., quelle expérience hallucinante, géniale, je viens de vivre !!!!" Et donc très rapidement, c'est ce troisième sentiment qui l'a emporté !
Je prends donc la route principale menant vers Kars. Je roule jusque Digor où je déjeune (ces événements m'avaient bien ouvert l'appétit !) dans le jardin d'un type qui tenait sa petite épicerie, et qui m'y a invité !...
Une fois ma tête à froid, je ne tiens pas. Pas possible de passer à côté de la frontière, comme ça. Je regarde la carte, et vois qu'il y a une piste qui part de Digor et qui rejoint Alem. Je décide de la prendre. Je me dis que si je croise des militaires, je leur dirai que je suis tout près d'Ani, et les militaires m'avaient dit qu'autour d'Ani, il n'y avait aucun problème et que je pourrai prendre toutes les photos que je voulais une fois sur le site. C'est parti. Je me rapproche à nouveau de la frontière, je ... revis. L'objectif était de trouver un endroit où dormir dans le coin, car je voulais me savoir à quelques km seulement de ma destination finale, sans encore la toucher. Non. Attendre le lendemain. Cultiver un chouille la frustration. Et surtout, il était déjà plus de deux heures de l'aprèm, et j'avais décidé de passer toute une journée à Ani.
Je passe par Alem, mais ne le sens pas pour dormir. Non pas du tout que cela craignait ou quoi que ce soit, bien sûr, mais ... je me disais que ce n'était l'endroit. Je poursuis vers le nord est, me rapprochant ainsi de la frontière. J'arrive en haut d'une butte, vois un village en contre bas, et crois pouvoir distinguer, au loin, ... Ani. Je pose la moto ici pour faire un repérage à pied, en haut de la butte. Je grimpe là-haut, et ... oui, Ani est bien là, devant moi, à cinq km à vol d'oiseau.
Oui, je sais, vous ne voyez rien sur la photo ci-dessus. Et c'est normal, c'est en tout petit. C'est légèrement à droite des trois collines que vous voyez au fond. Et c'est parce que je distingue à peine Ani que je ne sais pas si je suis ou non en train de rêver... Je crois reconnaître la cathédrale que j'avais vue sur le Net avant de partir, et dont j'attendais avec tant d'impatience. (Ci-dessous la même vue, mais zoomée sur Ani.)
Sauf que. Sauf que très rapidement, je sors de mon rêve en voyant à ma droite un mirador, au loin, de l'autre côté de la frontière. Et je vous rappelle que les militaires m'avaient dit que j'étais dans une "danger zone". Et à ce moment là, je les ai crus, ces militaires. (Ce n'est qu'ensuite, le sur-lendemain, qu'un turc, un prof de socio d'Ankara que j'avais rencontré à Ani, m'avait dit que cette zone n'était pas du tout une zone de danger, et qu'ils avaient fait de l'excès de zèle -- au passage, j'avais oublié de vous dire, les militaires ne m'ont même pas demandé mes papiers, mon passeport, et tout et tout !! ) J'avais donc, devant moi aux jumelles, Ani, et à ma droite, aux jumelles toujours, ce gigantesque mirador. Nouveau dilemme. Je veux contempler Ani de là où je suis, j'avais attendu si longtemps pour me trouver face à elle. D'un autre côté, pour contempler Ani, je suis à "découvert". Avec mes jumelles de mauvaise qualité, je n'arrive pas à distinguer s'il y a ou non des militaires dans ce mirador. En revanche, je me dis que s'il y en a, eux, ils m'ont déjà vu en train de regarder dans leur direction, ce qui n'est très prudent. Ensuite, je me pose la question de savoir quelle est la portée d'une arme à feu... Je n'y connais absolument rien, mais me dis que je suis quand même à quelques km de ce mirador (vérification à l'aide de Google Satellite, 4 km). Donc, un, la probabilité que l'on me tire dessus doit quand même être très faible, et deux, même s'ils essayaient, ils auraient quand même peu de chances de m'atteindre. Bon, je dois vous avouer qu'au bout de quelques minutes de calculs probabilistes, je me suis déplacé de telle sorte à pouvoir encore voir Ani, sans ne plus avoir le mirador arménien en ligne de mire (enfin, l'inverse, moi dans leur ligne de mire). Je me rapproche d'une centaine de mètres, et je peux enfin me poser devant ce spectacle. Les larmes me montent alors aux yeux. Ca y est. J'y suis. Ma béhème a donc réussi à m'emmener jusque là.
Sur la photo ci-dessus, j'aimerais que vous vous y penchiez un chouille. Ca va vous aider à saisir la force du site, pour plus tard... La cathédrale d'Ani, qui a une forme de maison, sur la partie droite de la photo, juste à gauche d'une tour, est ... gigantesque. Ce n'est pas, contrairement à ce que vous pourrez penser quand vous verrez les photos du CR du lendemain, une maison à deux étages comme on en rencontre par chez nous... Non. regardez les baraques, autour, à gauche de la photo, et vous vous rendrez compte (j'espère) de la hauteur de cet édifice.
Je regarde vers le bas, Köseler semble m'attendre.
Je commence à repérer aux jumelles deux trois jardins dans lesquels je pourrais planter ma tente, histoire de savoir à quelles portes j'allais frapper pour demander l'hospitalité. Puis je redescends vers ma moto qui m'attend sagement. Je commence à rouler vers le village et passe à côté d'un berger à qui je fais un grand signe de bonjour ! Il (Yudjel, de son prénom) me répond avec un immense sourire ! Je m'arrête illico, pose la moto, et vais le voir pour lui demander si je peux planter ma tente dans le village. Et à partir de là commence la folle fin de journée à Köseler.
Il quitte ses brebis (ils étaient plusieurs bergers à garder le troupeau) et me demande de le suivre vers le village... Cela donne de belles scènes de contre-jour...
Yudjel tout fier d'être pris en photo. (Il voulait très souvent que je le prenne en photo ! Il a été mon accompagnateur durant cette fin de journée. Un type incroyablement sympa.)
J'arrive au centre du village, et me gare chez Ismael, un jeune type du village. Il me dit qu'il n'y a aucun problème pour que je campe dans son jardin, et hop, c'est parti pour la tournée générale de thé chaud, avec quelques autres gars du village... On papote, et en fond sonore, les tracteurs qui rentrent des champs et le tarare actionné par une immense courroie reliée à une petite roue à l'arrière d'un tracteur. Le tarare à un problème à un moment, je les aide un peu, et re-thé ! Puis Yudjel m'emmène faire une balade en haut du village.
Il est très fier de ses (trois) taureaux...
Et des rochers surplombant son village !
Le soir commence à tomber, sur Köseler, il est temps de rentrer. (Tout à l'heure, la butte sur laquelle j'étais pour observer Ani et le mirador est celle que vous voyez en arrière plan sur la photo.)
Sur le chemin du retour, on passe devant une voiture toute neuve, roulant sur les chemins totalement défoncés du village, avec à l'intérieur deux mecs en costard-cravate. Ca détonne, dans cet environnement ! Je comprends qu'ils parlent de moi avec Yudjel. Le conducteur, toujours assis sur son siège, me dit quelque chose comme "il n'est pas question que tu dormes dehors sous la tente, tu dors chez moi". Et je lui réponds que je suis ravi de sa proposition, et que je viendrai donc dormir chez lui ! Une fois la voiture repartie, Yudjel me dit que c'est Moktar, l'imam du village, et qu'il part célébrer un mariage dans le village voisin. (J'allais dormir chez un imam ?!! )
De retour, Ismael me dit qu'il est l'heure d'aller dîner ! Et nous partons à plusieurs vers une nouvelle maison du village... Sur le chemin, il me pose la question que beaucoup auparavant m'avaient posée sans l'avoir alors comprise (ce n'est que rétrospectivement à ce moment là à Köseler que j'ai compris !...) : est-ce que j'avais une femme (les deux autres questions qui revenaient le plus étaient mon âge et ce que je faisais comme métier). En lui répondant que non, je n'en avais pas, ils se sont mis à déconner en me disant que je devrais revenir en France avec une femme turque, qu'ils allaient essayer de me trouver une femme dans le village ! Et là, j'ai préféré ne pas partir sur ce chemin glissant, car je ne comprenais pas tout ce qu'ils me disaient (loin de là, évidemment), et je ne connaissais que trop peu leur culture et leur humour concernant ces choses là ! Donc, j'ai décliné leur "offre" -- même s'il y avait toutes les chances pour que ce ne fût que blagues entre hommes !
On rentre dans une maison, la maison de Mehmet, un gars super que j'ai alors rencontré quelques minutes après. Tous les hommes s'installent dans un grand salon entièrement tapissé du sol au plafond, les femmes restant dans la pièce par laquelle nous sommes passés, à savoir la cuisine. Peu de temps après, un homme assez âgé commence à lire des sourates. La cérémonie dure presque une heure, pendant laquelle je reste avec eux, assis ou me levant avec eux s'ils le faisaient, juste à la gauche de l'homme lisant les sourates. C'est un moment fort. Quand la cérémonie se termine, Mehmet qui s'était assis à côté de moi m'explique dans un anglais excellent que nous sommes dans sa maison, et que cette cérémonie était en l'honneur de son père décédé. (Il parlait très bien anglais car il était l'un des représentants officiels de la culture kurde, et qu'il allait souvent dans des conférences internationales pour parler de sa culture.) Il me dit aussi que la majorité des villageois n'avaient jamais vu de touristes de leur vie, et que le fait que j'aie suivi les mouvements (se lever, s'assoir, etc.) lors de la cérémonie les avait beaucoup impressionnés (alors que ne comprenant rien à ce qui se disait en arabe, je n'ai fait que naturellement suivre le mouvement.) A la fin de la cérémonie arrive le diner pour nous tous ! La nourriture arrive dans des barquettes de polystyrène, avec du riz, de la viande, et des crudités. L'ambiance est géniale, les hommes ne font plus attention à moi, je suis dans leur élément, telle une souris à taille humaine...
Yudjel me dit que nous devons désormais aller chez Moktar. Je quitte le salon et Mehmet me présente à ce moment là sa mère et ses soeurs, et me dit que sa maison m'est totalement ouverte pour la prochaine fois que je repasserai par Köseler. Il est plus de vingt et une heures, la nuit est totalement noire. Nous devons aller chez Moktar, et je dois prendre la moto !! Et là, je vous jure que j'ai repassé le permis moto, le parcours lent, mais beaucoup, beaucoup plus difficile ! Eclairage au phare, 40kg de bagages, un chemin totalement défoncé, bourré de petites et grosses pierres, des ornières de partout, et je roulais sans poser le pied par terre à l'allure de Yudjel et son pote qui marchaient tranquillement, sans se presser, vers la maison de Moktar !
Nous arrivons chez Moktar, mais il n'est pas revenu du son mariage. Nous l'attendons en buvant du thé. Pause photo :
Puis Moktar arrive. Sérieux, il ne rigole pas trop, mais s'assure tout le temps que je ne manque de rien. On prend un thé dans son salon (tout tapissé, comme tous les salons en Turquie, je pense). Plus tard, il dit quelque chose à sa femme, puis nous partons prendre un thé chez l'autre type qui était en costard, tout à l'heure, dans sa voiture. Quand nous rentrons chez Moktar pour aller dormir, je suis invité à rentrer dans le salon dans lequel nous avions pris le thé une heure auparavant, et là, je vois deux lits qui avaient été préparés, à l'aide de gros coussins et de couettes, séparés d'à peine un mètre. Je n'ai pas trop le temps de réaliser que la porte se referme, Moktar commence à retirer son T-shirt et son pantalon (non non !! N'allez pas croire que !!! ) , et je me mets aussi à me déshabiller ! Et franchement, cela me fait bizarre de me retrouver en caleçon à côté d'un imam lui aussi en caleçon et débardeur, prêt à nous endormir dans nos lits respectifs. On se souhaite "bonne nuit", et il éteint la lumière. Et là, je pense que maintenant, vous pouvez comprendre à quel point je n'ai pas pu m'endormir tout de suite. J'ai revécu des dizaines de fois avant de m'endormir tous les moments de cette journée qui a été la plus incroyable de ma vie, la plus forte. Et je m'endormais, là, à côté d'un imam d'un village, au bord de la frontière turco-arménienne interdite, situé à des dizaines de km d'une route goudronnée, et seulement quelques km de ma destination finale, Ani.
Incroyable journée. Et pourtant si vraie.
Dernière édition par loic_dv le Mer 29 Oct 2014, 10:28 pm, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
J12 : Köseler -> Kars (en fait, Ani)
Cette journée est en quelque sorte la "dernière" de mon trip... Celles qui vont suivre vont passer plus rapidement. Du moins, elles vont laisser un trainée moins longue derrière elles... Ce trip se termine donc en apothéose, avant un atterrissage en douceur (une douceur cependant bien fraîche et humide)...
Levé à 5h du mat', avec Moktar qui se re-réveille (je ne l'ai pas entendu se lever à 4h du mat' pour l'appel à la prière, et n'ai même pas entendu cet appel là). Un lever de soleil superbe à ce moment là (il n'y a qu'une heure de décalage horaire avec la France, et on est vraiment très loin à l'est, donc le soleil se lève très tôt !). La vie recommence à Köseler, les tracteurs se remettent en marche, la basse-cour est en effervescence. A 6h, après un copieux petit-dej' avec Moktar et son fils servi par la femme de Moktar, je décolle vers Ani.
Ani, qui se réveille doucement, au loin...
Dans un superbe paysage de steppes, avec un cheval (jument ?) et son poulain, sans longe, donc en liberté...
(Géoloc' ici)
Deux autres chevaux, semblant figés comme ces arcades de pierre, vestiges de l'ancienne capitale...
Puis me voici devant l'entrée de la citadelle !
La balade à l'intérieur d'Ani va me prendre quasiment la journée. De 9h du mat' à plus de 15h... Je conseille vraiment de prendre ce temps là, surtout si on veut sortir des sentiers battus de la visite officielle, et emprunter des chemins de traverse...
Ani est encadrée par un canyon totalement turc au nord ouest de la citadelle :
Et par la frontière turco-arménienne et le si majestueux canyon de la rivière Araxe, au sud est :
Voici quelques autres photos de ce canyon (j'ai tellement été frustré d'avoir perdu toutes mes photos de la frontière la veille, que je me suis défoulé ce jour là !).
Avec ses miradors...
Et sa cathédrale, que j'avais vue la veille de si loin...
Sur la photo ci-dessus, vous pouvez voir le chemin (enfin, pas vraiment un chemin, mais j'avais fait comme s'il y en avait un) que j'ai emprunté l'après-midi, pour aller au pied du Château de la Vierge (dont je vous parle plus bas). Ce "chemin" se situe bien sûr sous la cathédrale, et au dessus des falaises surplombant la rivière. Ca a l'air d'être en pente, mais en vrai, pas tant que cela.
Sur la photo ci-dessous, essayez de repérer les petits points rouge à droite de la cathédrale. Dites-vous maintenant que ce sont les casques des travailleurs qui la rénovent. Cela vous donnera une idée de la taille de cette bâtisse !...
Et voici qu'au bout, tout au bout du site, apparait le Château de la Vierge, perché sur son rocher, en plein milieu du cirque formé par la rivière, diplomatiquement en Turquie, mais visuellement semblant pénétrer en Arménie...
En cliquant ici, vous aurez une vidéo panoramique du site à l'endroit de la photo ci-dessus.
Quand je vois ce château en ruine, je me dis que je me dois de descendre pour m'en approcher autant que possible... Et c'est ainsi que je reviens sur mes pas pour descendre par un endroit accessible, le fameux "chemin" dont je viens de vous parler...
Une à deux heures après, je me retrouve donc beaucoup plus près de l'eau...
Puis, j'arrive devant le rocher. Je ne peux pas aller plus loin. Des grillages et des barbelés m'en empêchent. Je vois alors un trou dans le grillage, mais décide de ne pas m'y engouffrer. On va peut-être éviter les militaires, cette journée là, non ?
Sur la photo ci-dessus, vous pouvez remarquer quelque chose d'intéressant. Sous le château, pile au niveau de la zone dans l'ombre et de la zone au soleil, à peu près à mi hauteur du rocher, vous pouvez voir les ruines d'un rempart ouvert en son milieu. C'est impressionnant ce que cela signifie : l'accès au château se faisait donc par là (j'ai observé ce château sous toutes ses coutures aux jumelles et j'en suis arrivé à ce constat là), à flanc de falaise, sur le chemin que l'on distingue à peine, désormais recouvert d'une importante couche de végétation... En cliquant ici, vous aurez une vidéo de ce point de vue.
Je reste beaucoup de temps sur mon bout de rocher duquel j'ai tourné cette petite vidéo. Car partir de ce rocher, c'est commencer à repartir vers Paris. J'ai donc pris le temps, beaucoup de temps pour intégrer tout ce que j'avais fait, toutes les expériences vécues pendant ces onze précédentes journées en Turquie, inoubliables, pour être prêt à partir, et donc, ... rentrer. En France.
Cette journée est en quelque sorte la "dernière" de mon trip... Celles qui vont suivre vont passer plus rapidement. Du moins, elles vont laisser un trainée moins longue derrière elles... Ce trip se termine donc en apothéose, avant un atterrissage en douceur (une douceur cependant bien fraîche et humide)...
Levé à 5h du mat', avec Moktar qui se re-réveille (je ne l'ai pas entendu se lever à 4h du mat' pour l'appel à la prière, et n'ai même pas entendu cet appel là). Un lever de soleil superbe à ce moment là (il n'y a qu'une heure de décalage horaire avec la France, et on est vraiment très loin à l'est, donc le soleil se lève très tôt !). La vie recommence à Köseler, les tracteurs se remettent en marche, la basse-cour est en effervescence. A 6h, après un copieux petit-dej' avec Moktar et son fils servi par la femme de Moktar, je décolle vers Ani.
Ani, qui se réveille doucement, au loin...
Dans un superbe paysage de steppes, avec un cheval (jument ?) et son poulain, sans longe, donc en liberté...
(Géoloc' ici)
Deux autres chevaux, semblant figés comme ces arcades de pierre, vestiges de l'ancienne capitale...
Puis me voici devant l'entrée de la citadelle !
La balade à l'intérieur d'Ani va me prendre quasiment la journée. De 9h du mat' à plus de 15h... Je conseille vraiment de prendre ce temps là, surtout si on veut sortir des sentiers battus de la visite officielle, et emprunter des chemins de traverse...
Ani est encadrée par un canyon totalement turc au nord ouest de la citadelle :
Et par la frontière turco-arménienne et le si majestueux canyon de la rivière Araxe, au sud est :
Voici quelques autres photos de ce canyon (j'ai tellement été frustré d'avoir perdu toutes mes photos de la frontière la veille, que je me suis défoulé ce jour là !).
Avec ses miradors...
Et sa cathédrale, que j'avais vue la veille de si loin...
Sur la photo ci-dessus, vous pouvez voir le chemin (enfin, pas vraiment un chemin, mais j'avais fait comme s'il y en avait un) que j'ai emprunté l'après-midi, pour aller au pied du Château de la Vierge (dont je vous parle plus bas). Ce "chemin" se situe bien sûr sous la cathédrale, et au dessus des falaises surplombant la rivière. Ca a l'air d'être en pente, mais en vrai, pas tant que cela.
Sur la photo ci-dessous, essayez de repérer les petits points rouge à droite de la cathédrale. Dites-vous maintenant que ce sont les casques des travailleurs qui la rénovent. Cela vous donnera une idée de la taille de cette bâtisse !...
Et voici qu'au bout, tout au bout du site, apparait le Château de la Vierge, perché sur son rocher, en plein milieu du cirque formé par la rivière, diplomatiquement en Turquie, mais visuellement semblant pénétrer en Arménie...
En cliquant ici, vous aurez une vidéo panoramique du site à l'endroit de la photo ci-dessus.
Quand je vois ce château en ruine, je me dis que je me dois de descendre pour m'en approcher autant que possible... Et c'est ainsi que je reviens sur mes pas pour descendre par un endroit accessible, le fameux "chemin" dont je viens de vous parler...
Une à deux heures après, je me retrouve donc beaucoup plus près de l'eau...
Puis, j'arrive devant le rocher. Je ne peux pas aller plus loin. Des grillages et des barbelés m'en empêchent. Je vois alors un trou dans le grillage, mais décide de ne pas m'y engouffrer. On va peut-être éviter les militaires, cette journée là, non ?
Sur la photo ci-dessus, vous pouvez remarquer quelque chose d'intéressant. Sous le château, pile au niveau de la zone dans l'ombre et de la zone au soleil, à peu près à mi hauteur du rocher, vous pouvez voir les ruines d'un rempart ouvert en son milieu. C'est impressionnant ce que cela signifie : l'accès au château se faisait donc par là (j'ai observé ce château sous toutes ses coutures aux jumelles et j'en suis arrivé à ce constat là), à flanc de falaise, sur le chemin que l'on distingue à peine, désormais recouvert d'une importante couche de végétation... En cliquant ici, vous aurez une vidéo de ce point de vue.
Je reste beaucoup de temps sur mon bout de rocher duquel j'ai tourné cette petite vidéo. Car partir de ce rocher, c'est commencer à repartir vers Paris. J'ai donc pris le temps, beaucoup de temps pour intégrer tout ce que j'avais fait, toutes les expériences vécues pendant ces onze précédentes journées en Turquie, inoubliables, pour être prêt à partir, et donc, ... rentrer. En France.
Dernière édition par loic_dv le Jeu 09 Oct 2014, 6:20 pm, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
ton récit est simple et facile à lire et tu cadres bien tes photos , Jacques Lanzmann à moto !
Merci
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pierre- Nombre de messages : 662
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Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
La suite et la fin de ce CR (villes étapes : Kars -> Savsat -> Erzican -> Yozgat -> Bolu -> Istanbul)
Oui, j'ai intitulé cela "la suite et la fin" alors que ce trajet a duré 5 jours. Mais j'ai moins de choses à raconter et moins de photos à montrer. J'étais, comme je vous l'avais dit, "sur le chemin du retour". De plus, les conditions des routes et la météo n'ont fait qu'entretenir le sentiment de "fin de trip".
J'avais prévu de passer par les monts Kaçkar (cf. ici pour le trip dans cette région), mais ai été en partie déçu. Il était écrit dans plusieurs guides que ces routes longeaient de superbes torrents regorgeant de kayacs... Sauf qu'entre temps, de très grands projets de barrages ont vu le jour, et je me suis retrouvé sur des routes neuves, mais surtout dans un paysage ayant conservé énormément de stigmates des chantiers gigantesques qui ont été entrepris pour construire toutes ces nouvelles routes qui devaient se situer bien au dessus de tous les lacs artificiels ainsi créés. Exit donc les torrents. Disparus sous des milliers de tonnes d'eau.
Pour mieux vous rendre compte des profondes modifications qui ont eu lieu dans les parages, regardez cette carte satellite Google Maps :
Vous pouvez voir ci-dessus que le tracé des routes (en jaune pour les deux routes principales et gris pour les routes secondaires) est l'ancien tracé, aujourd'hui totalement sous les eaux (les images satellites ont été récemment mises à jour, contrairement au tracé des routes).
Ci-dessous, la photo pris dans le coin de l'image satellite ci-dessus.
(Géoloc' ici)
Vous voyez ci-dessus le nombre de tunnels très important sur ce tronçon sur la rive droite du lac. Dites-vous que c'est comme ça pendant des dizaines de km...
Décor de lacs artificiels...
Puis à un moment, je tombe sur une route longeant enfin un torrent, sauf que le prix à payer est que cette route est la route des chantiers de celle qui passera à des dizaines de mètres au dessus, une fois qu'un autre barrage sera construit (cf. la construction d'un pont sur la photo ci-dessous). Une route où ne cessent de se croiser des semi-remorques ou autres engins de chantier, sur (sinon ça n'aurait pas été marrant) une piste en terre bien mouillée, donc bien glissante !
(Géoloc' approx. ici)
Passé l'embranchement vers Yusufeli (que je laisse sur ma droite, puisque je continue sud ouest), les routes redeviennent à nouveau sauvagement belles ! Je roule alors au centre d'un beau canyon, entouré de belles et hautes falaises !
(Géoloc' ici)
(Géoloc' ici)
Puis, une fois en haut de ce canyon, un environnement pas moche, malgré le fait que ce lac soit artificiel...
Ensuite, le trajet entre Erzurum et Yozgat sur la grande nationale ne présente, selon moi et au regard de tous les paysages époustouflants auxquels j'avais eu droit jusqu'alors, pas beaucoup d'intérêt. Surtout que j'ai commencé à avoir un temps de m..., en me prenant pas mal la flotte avec une température qui était descendue à 11°C en pleine journée... Cela dit, le paysage sous de gros nuages pouvait clairement faire penser à ... l'Ecosse !
(Géoloc' ici)
Et voici ci-dessous les Highlands en Ecosse, à titre de comparaison (trip effectué en avril 2013, cf. ici)
Initialement, je voulais passer dans d'apparemment superbes gorges qui étaient ni plus ni moins celles de l'Euphrate (cf. ici), mais le matin à Erzican, j'ai vu de sacrés éclairs dans la vallée, des nuages bien noirs, et la pluie commençant à tomber dru. J'ai donc préféré tracer jusque Ankara, que je n'avais pas prévu de traverser, mais que j'ai quand même fait.
La traversée d'Ankara n'a en soi aucun intérêt. En revanche, les paysages dans la région d'Ankara sont beaux. C'est quelques dizaines de km avant Ankara que le paysage commence à être vraiment sympa, avec des décors dignes du Grand Ouest américain ! Voici quelques photos prises à l'ouest d'Ankara.
(Géoloc' ici)
La route plein nord vers Bolu était censée être belle selon la carte IGN qui indique les "scenic roads", mais elle n'avait finalement rien à envier à nos routes perdues dans le Haut Languedoc, par exemple...
Puis Istanbul. Le 8 août. Après avoir quitté cette mégalopole le 22 juillet au matin. Environ 4300 km de trip dans ce territoire extraordinaire.
Epilogue
Le retour vers la France n'a pas posé de problème. Sauf, comme à l'aller, la traversée des deux frontières serbes (entrée et sortie du pays) avec une queue gigantesque, que je n'ai remontée que jusque 100 mètres avant les postes (je n'ai pas voulu remonter la file jusque devant les postes, par craintes de me faire eng... par les conducteurs qui faisaient la queue depuis certainement une bonne heure !), ce qui m'a fait attendre sous un soleil bien chaud, à chaque fois bien trois quarts d'heure (oui, pour seulement 100 mètres de queue !). Au retour, après l'étape de Slavonski-Brod (Croatie), j'ai voulu voir combien de km je pouvais rouler en une journée avec cette moto et sa selle confort -- histoire de savoir, pour les prochains trips, quelle est la distance journalière maxi que je peux compter pour mes calculs. J'ai réussi, en partant à 6h du mat' de Slavonski-Brod à arriver à 10h du soir à ... Cannes. Soit près de 1200km dans la journée. Sans fatigue, ni mal au dos ou ailleurs. C'est donc cool de savoir ça si un jour, par hasard, je me décide d'aller en ... Iran.
Conclusion
Cette conclusion s'écrit dans le climat qui règne en ce moment et que vous connaissez donc tous. Aujourd'hui, il serait très probable que je ne serais pas allé jusque Mardin (à 25 km de la frontière avec la Syrie). Et j'aurais aussi probablement évité d'aller jusque Baskale. J'ai donc réalisé ce trip au bon moment. Avant, il y avait eu des confits forts entre le PKK et les turcs, et aujourd'hui, les conflits avec l'EI.
En essayant de faire abstraction de la situation géopolitique qui n'invite éventuellement pas à aller se balader dans le Kurdistan turc, je peux vraiment dire que c'est une région du globe que je n'oublierai jamais. Jamais pour l'hospitalité des kurdes, leur générosité, leurs sourires, leur curiosité discrète, leur nourriture, et leur territoire. Très certainement que si vous allez vous balader à l'ouest de la Cappadoce (ce que j'ai donc très peu fait), vous retrouverez toutes ces qualités que je viens de citer, et qui rendent un voyage inoubliable.
C'est un pays dans lequel je retournerai. Je ne sais encore quand, ni comment. Cette "reconnaissance" m'a fait prendre conscience à quel point ce pays était ... accessible. Ok, il faut 4 jours pour y aller, ou 3 si l'on est prêt à rouler environ 1000 bornes par jour (attention aux passages aux douanes en Serbie en période estivale). Il n'est malheureusement pas impossible que d'ici quelques années, il y ait à nouveau des frictions entre turcs et kurdes, et la position que prendra alors la France pourra avoir un certain impact -- comme on peut le voir aujourd'hui avec l'EI.
Maintenant que ce CR est terminé, que les photos ont été assorties de leur indispensable texte selon moi, voici le lien vers les photos de ce trip (en grande majorité celles que vous avez vues dans ce CR), que vous pourrez par conséquent visionner en plein écran, un moyen merveilleux pour voyager calé au fond de son canapé :
https://plus.google.com/photos/107257585299565887223/albums/6051540129599897825?authkey=CMHDhtmS_qXZ8wE
Merci encore pour vos commentaires, et j'espère vous avoir vraiment fait voyager...
Güle güle.
Oui, j'ai intitulé cela "la suite et la fin" alors que ce trajet a duré 5 jours. Mais j'ai moins de choses à raconter et moins de photos à montrer. J'étais, comme je vous l'avais dit, "sur le chemin du retour". De plus, les conditions des routes et la météo n'ont fait qu'entretenir le sentiment de "fin de trip".
J'avais prévu de passer par les monts Kaçkar (cf. ici pour le trip dans cette région), mais ai été en partie déçu. Il était écrit dans plusieurs guides que ces routes longeaient de superbes torrents regorgeant de kayacs... Sauf qu'entre temps, de très grands projets de barrages ont vu le jour, et je me suis retrouvé sur des routes neuves, mais surtout dans un paysage ayant conservé énormément de stigmates des chantiers gigantesques qui ont été entrepris pour construire toutes ces nouvelles routes qui devaient se situer bien au dessus de tous les lacs artificiels ainsi créés. Exit donc les torrents. Disparus sous des milliers de tonnes d'eau.
Pour mieux vous rendre compte des profondes modifications qui ont eu lieu dans les parages, regardez cette carte satellite Google Maps :
Vous pouvez voir ci-dessus que le tracé des routes (en jaune pour les deux routes principales et gris pour les routes secondaires) est l'ancien tracé, aujourd'hui totalement sous les eaux (les images satellites ont été récemment mises à jour, contrairement au tracé des routes).
Ci-dessous, la photo pris dans le coin de l'image satellite ci-dessus.
(Géoloc' ici)
Vous voyez ci-dessus le nombre de tunnels très important sur ce tronçon sur la rive droite du lac. Dites-vous que c'est comme ça pendant des dizaines de km...
Décor de lacs artificiels...
Puis à un moment, je tombe sur une route longeant enfin un torrent, sauf que le prix à payer est que cette route est la route des chantiers de celle qui passera à des dizaines de mètres au dessus, une fois qu'un autre barrage sera construit (cf. la construction d'un pont sur la photo ci-dessous). Une route où ne cessent de se croiser des semi-remorques ou autres engins de chantier, sur (sinon ça n'aurait pas été marrant) une piste en terre bien mouillée, donc bien glissante !
(Géoloc' approx. ici)
Passé l'embranchement vers Yusufeli (que je laisse sur ma droite, puisque je continue sud ouest), les routes redeviennent à nouveau sauvagement belles ! Je roule alors au centre d'un beau canyon, entouré de belles et hautes falaises !
(Géoloc' ici)
(Géoloc' ici)
Puis, une fois en haut de ce canyon, un environnement pas moche, malgré le fait que ce lac soit artificiel...
Ensuite, le trajet entre Erzurum et Yozgat sur la grande nationale ne présente, selon moi et au regard de tous les paysages époustouflants auxquels j'avais eu droit jusqu'alors, pas beaucoup d'intérêt. Surtout que j'ai commencé à avoir un temps de m..., en me prenant pas mal la flotte avec une température qui était descendue à 11°C en pleine journée... Cela dit, le paysage sous de gros nuages pouvait clairement faire penser à ... l'Ecosse !
(Géoloc' ici)
Et voici ci-dessous les Highlands en Ecosse, à titre de comparaison (trip effectué en avril 2013, cf. ici)
Initialement, je voulais passer dans d'apparemment superbes gorges qui étaient ni plus ni moins celles de l'Euphrate (cf. ici), mais le matin à Erzican, j'ai vu de sacrés éclairs dans la vallée, des nuages bien noirs, et la pluie commençant à tomber dru. J'ai donc préféré tracer jusque Ankara, que je n'avais pas prévu de traverser, mais que j'ai quand même fait.
La traversée d'Ankara n'a en soi aucun intérêt. En revanche, les paysages dans la région d'Ankara sont beaux. C'est quelques dizaines de km avant Ankara que le paysage commence à être vraiment sympa, avec des décors dignes du Grand Ouest américain ! Voici quelques photos prises à l'ouest d'Ankara.
(Géoloc' ici)
La route plein nord vers Bolu était censée être belle selon la carte IGN qui indique les "scenic roads", mais elle n'avait finalement rien à envier à nos routes perdues dans le Haut Languedoc, par exemple...
Puis Istanbul. Le 8 août. Après avoir quitté cette mégalopole le 22 juillet au matin. Environ 4300 km de trip dans ce territoire extraordinaire.
Epilogue
Le retour vers la France n'a pas posé de problème. Sauf, comme à l'aller, la traversée des deux frontières serbes (entrée et sortie du pays) avec une queue gigantesque, que je n'ai remontée que jusque 100 mètres avant les postes (je n'ai pas voulu remonter la file jusque devant les postes, par craintes de me faire eng... par les conducteurs qui faisaient la queue depuis certainement une bonne heure !), ce qui m'a fait attendre sous un soleil bien chaud, à chaque fois bien trois quarts d'heure (oui, pour seulement 100 mètres de queue !). Au retour, après l'étape de Slavonski-Brod (Croatie), j'ai voulu voir combien de km je pouvais rouler en une journée avec cette moto et sa selle confort -- histoire de savoir, pour les prochains trips, quelle est la distance journalière maxi que je peux compter pour mes calculs. J'ai réussi, en partant à 6h du mat' de Slavonski-Brod à arriver à 10h du soir à ... Cannes. Soit près de 1200km dans la journée. Sans fatigue, ni mal au dos ou ailleurs. C'est donc cool de savoir ça si un jour, par hasard, je me décide d'aller en ... Iran.
Conclusion
Cette conclusion s'écrit dans le climat qui règne en ce moment et que vous connaissez donc tous. Aujourd'hui, il serait très probable que je ne serais pas allé jusque Mardin (à 25 km de la frontière avec la Syrie). Et j'aurais aussi probablement évité d'aller jusque Baskale. J'ai donc réalisé ce trip au bon moment. Avant, il y avait eu des confits forts entre le PKK et les turcs, et aujourd'hui, les conflits avec l'EI.
En essayant de faire abstraction de la situation géopolitique qui n'invite éventuellement pas à aller se balader dans le Kurdistan turc, je peux vraiment dire que c'est une région du globe que je n'oublierai jamais. Jamais pour l'hospitalité des kurdes, leur générosité, leurs sourires, leur curiosité discrète, leur nourriture, et leur territoire. Très certainement que si vous allez vous balader à l'ouest de la Cappadoce (ce que j'ai donc très peu fait), vous retrouverez toutes ces qualités que je viens de citer, et qui rendent un voyage inoubliable.
C'est un pays dans lequel je retournerai. Je ne sais encore quand, ni comment. Cette "reconnaissance" m'a fait prendre conscience à quel point ce pays était ... accessible. Ok, il faut 4 jours pour y aller, ou 3 si l'on est prêt à rouler environ 1000 bornes par jour (attention aux passages aux douanes en Serbie en période estivale). Il n'est malheureusement pas impossible que d'ici quelques années, il y ait à nouveau des frictions entre turcs et kurdes, et la position que prendra alors la France pourra avoir un certain impact -- comme on peut le voir aujourd'hui avec l'EI.
Maintenant que ce CR est terminé, que les photos ont été assorties de leur indispensable texte selon moi, voici le lien vers les photos de ce trip (en grande majorité celles que vous avez vues dans ce CR), que vous pourrez par conséquent visionner en plein écran, un moyen merveilleux pour voyager calé au fond de son canapé :
https://plus.google.com/photos/107257585299565887223/albums/6051540129599897825?authkey=CMHDhtmS_qXZ8wE
Merci encore pour vos commentaires, et j'espère vous avoir vraiment fait voyager...
Güle güle.
Dernière édition par loic_dv le Jeu 09 Oct 2014, 6:42 pm, édité 4 fois
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Et le César du meilleur reportage 2014 est décerné à .....................loic_dv !
Quasimoto- Nombre de messages : 2749
Age : 67
Localisation : N46 10.294 W0 21.080
Moto : Africa Twin CRF1000L DCT 2016
Département : Deux-Sévres
Date d'inscription : 16/07/2009
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Voilà la fin de ton récit Loïc. Mais sûrement pas l'arrêt de tes aventures ! Merci encore de nous apporter ta vision du monde et de la vie. Bien sûr, tu t'es souvent trouvé "loin de chez toi", mais tu t'es senti là-bas comme chez toi, non ? à de rares exceptions près!!! La période était propice, tu as su la mettre à profit et nous en faire profiter. Merci pour tes talents de conteur, je ne m'ennuie jamais en te lisant et les photos sont top!
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
vagabond a écrit:Voilà la fin de ton récit Loïc. Mais sûrement pas l'arrêt de tes aventures ! Merci encore de nous apporter ta vision du monde et de la vie. Bien sûr, tu t'es souvent trouvé "loin de chez toi", mais tu t'es senti là-bas comme chez toi, non ? à de rares exceptions près!!! La période était propice, tu as su la mettre à profit et nous en faire profiter. Merci pour tes talents de conteur, je ne m'ennuie jamais en te lisant et les photos sont top!
Whaou, ça fait plaisir à "entendre" !!!
"Oui" à plein d'égards, Vagabond. Oui, mes aventures ne font que commencer. La pause, et a fortiori le retour en arrière, ne sont définitivement plus possibles. Oui, je me suis senti physiquement loin de "chez moi", et me suis senti là-bas comme chez moi. En partie parce que les frontières entre le "chez moi" et le "hors de chez moi" s'estompent progressivement. Mes valises Givi trônent désormais dans mon salon, prêtes à repartir, tel un chien attendant sa balade du soir. Le week-end dernier, je me suis senti dans "ma" résidence secondaire, un second "chez moi", donc, lorsque je me suis endormi au bruit de la mer, et réveillé avec le cri des mouettes au bord des falaises...
Un "hors de chez moi" physique devenant alors un "chez moi" mental, oui...
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
Quelques nombreux mois après ce roadtrip en Turquie dont il me reste encore des milliers d'images en tête, je viens de terminer le site Internet dédié à mes voyages à moto, et à ce roadtrip en particulier...
Le voici, pour sa partie "Kurdistan" : http://loic-en-roadtrip.wix.com/roadtrips-a-moto#!kurdistan/cfvg
Le voici, pour sa partie "Kurdistan" : http://loic-en-roadtrip.wix.com/roadtrips-a-moto#!kurdistan/cfvg
Invité- Invité
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
loic_dv a écrit:Quelques nombreux mois après ce roadtrip en Turquie dont il me reste encore des milliers d'images en tête, je viens de terminer le site Internet dédié à mes voyages à moto, et à ce roadtrip en particulier...
Le voici, pour sa partie "Kurdistan" : http://loic-en-roadtrip.wix.com/roadtrips-a-moto#!kurdistan/cfvg
Magnifique
TOTAL RESPECT ! ! ! !
Invité- Invité
turquie
un vrai bonheur de te lire, je me suis ré....ga...lée ....merveilleux souvenirs pour toi entre les paysages et le contact humain
en prime une nuit d' enfer avec un imam !!!! alors ça c'est pas permis à tout le monde ... tu l' auras fait .........
tu écris très bien, on te lit sans problème et on en s' ennuit pas,
ben voilà, j'ai envie de partir !!!
merci encore Loic
j'ai passé une super soirée à tout lire et regarder les photos
Bibou
en prime une nuit d' enfer avec un imam !!!! alors ça c'est pas permis à tout le monde ... tu l' auras fait .........
tu écris très bien, on te lit sans problème et on en s' ennuit pas,
ben voilà, j'ai envie de partir !!!
merci encore Loic
j'ai passé une super soirée à tout lire et regarder les photos
Bibou
bibou37- Nombre de messages : 84
Localisation : Tours
Moto : 800 GS
Département : Indre et Loire
Date d'inscription : 19/11/2009
Re: CR d'un trip en Anatolie centrale et de l'est
c'est à la fois magnifique et terriblement tentant.....
merci à toi de nous faire réver, de nous donner envie...
merci à toi de nous faire réver, de nous donner envie...
coololive- Nombre de messages : 93
Age : 52
Localisation : Orléans
Moto : ma 800 GSA déjà 15000kms
Département : loiret
Date d'inscription : 18/01/2015
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