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Message par ardeche Mar 14 Aoû 2012, 9:04 am

Bonjour,

Recit écrit par mon fils de notre dernière virée au Maroc ( l'année prochaine c'est la Roumanie)


Récit d’amazighes
Je l’espère un peu
Récit d’un voyage à 4 mains, père et fils.



Vendredi 22 avril

Tours - Privas

Le premier jour. Le premier jour je me lève à Tours pour un périple de 15 jours au Maroc dont j’ai besoin.
Besoin viscéral de quitter les dictats financiers imposés par mon travail ou la rentabilité a pris le pas sur le souci du bien être humain.
Je fais donc mon sac sur le tard en espérant n’avoir rien oublié. Quelques caleçons, tee shirt et pantalons plus tard le tout est bouclé et je prends la route pour l’Ardèche.

La route est longue et ennuyeuse. J’arrive en fin d’après midi, la maison est vide et fermée. Cela me permet de mettre doucement en ordre de marche mon esprit pour ce voyage merveilleux, de profiter du calme avant la tempête de la réunion familiale annoncée.
Mes parents, frères et sœurs puis grands parents arrivent.

Samedi 23 avril

Privas - Saint Cyprien

Repas du soir, petit dej, déjeuner et c’est parti. On démarre les motos et en avant… sous la pluie, mais l’envie de partir supplante tout.
Nous sommes pour le moment 6. Deux à moto, les autres dans un 4x4.
Nos autres compagnons de route nous rejoindrons au fur et à mesure du trajet. Walter à Joyeuse, Michel à Ales
Arrivée à Saint Cyprien pour la première nuit.

Dimanche 24 avril

St Cyprien – Collioure - Cadaques Barcelone

Nous prenons la direction de l’Espagne par la côte. Cette route superbe qui relie deux pays est un voyage en soit.
Les virages s’enchaînent à un rythme soutenu et tout autour le paysage nous offre ses délices sans cesse renouvelés.
Comme d’habitude on flâne, admire, profite et l’on se met en retard.
Gaz ouverts en grand sur l’autoroute, Walter nous guide royalement, sans tomber dans le piège de la mauvaise direction du port indiquée sur l’autoroute à l’approche de Barcelone, c’était chaud, et le DR nous a fait une étonnante démonstration du potentiel du mono sur autoroute.

C’est la deuxième fois que je prends le bateau vers Tanger. Ce temps suspendu est à la fois excitant, puisqu’il nous presse d’arriver, et navrant, car nous n’avons aucun contrôle sur cette grosse machine.
Nous devons patienter et c’est long.
L’équipe est depuis hier au complet et dans ce moment immobile c’est l’occasion de se rencontrer, de se découvrir afin de pouvoir s’apprendre au mieux tout au long du périple et de s’apprécier tel que l’on est.

L’occasion également de les présenter. Nous sommes divisés en deux groupes déterminés par nos moyens de locomotion distincts.
Je n’en dénigre pas un plus que l’autre, il m’est seulement plus aisé de les présenter ainsi. Les habitants du 4X4 ; les loutres, surnom en rapport avec le confort exceptionnel de leur moyen de locomotion ; composée de Pierre Yves et Aline Claire-Marie et Dorothée.
Ils habitent dans les Vosges. Lui est médecin de campagne. Il a déjà effectué, avec sa femme, de nombreux voyages au Maroc pour le tourisme mais également à but humanitaire.
D’apparence calme, il aime faire découvrir les choses et a su garder des yeux d’enfants. Capable de s’émerveiller devant un caillou il aime les échanges humains et la gestion de ce genre de projet.
Son point faible fût sur ce voyage, de vouloir tout nous montrer et ce pays est grand. Le confort en voiture n’étant pas le même qu’en moto cela a provoqué quelques discussions mais toujours sereines. Il est de plus assez hermétique à toutes questions qui touchent à la mécanique.

Aline, sa femme, Chef revendiquée d’une famille de 7 enfants est dans la communication. Elle aime prendre ce temps nécessaire à l’échange, au partage de la vie qui offre tant de trésors. Toujours sur son rythme soutenu, elle se lève à 6h et profite ainsi du calme matinal prompt aux échanges. Malgré cela un stress important ressort à certains moments difficiles.

Leur fille, Claire Marie, ainsi qu’une amie, Dorothée, les accompagnent. Deux filles dans la fleur de l’âge, étudiantes en médecine et inséparables pendant ce périple. Ce fût la soupape de décompression pour beaucoup d’entre nous, leur sourire et leur joie de vivre ont en effet résolus de nombreuses difficultés. Elles se sont pliées à toutes les contraintes inhérentes à ce voyage sans mot dire.

Vient donc ensuite les motos, les durs, les beaux, les héros, au nombre de cinq. Walter, Laure, épouse du premier, Michel, mon père Pierre et moi.

Ayant déjà fait un voyage avec eux, je connaissais déjà bien Walter et Laure. Lui, derrière une apparence bourrue cache une grande amabilité et un sens profond du partage et du respect.
Il est carré et franc et je le considère comme un partenaire de voyage idéal. Il ne s’inquiète que rarement et ne s’énerve pas souvent, mais à ce moment il vaut mieux ne pas rester à ses côtés.
Il aime jouer avec sa moto sur des pistes impraticables et sur les routes ardéchoises.

Laure est une motarde convaincue. Passagère jusqu’auboutiste, je n’ai en effet jamais vu quelqu’un supporter autant de kilomètres dans de telles conditions (petite déception quand même, car Laure est passée fréquemment durant ce périple dans le clan des loutres).
Son caractère discret a participé à l’apaisement du groupe mais elle est toujours là en cas de problème et n’est pas la dernière à la rigolade.

Je ne connaissais pas Michel avant de partir, comme tout le monde d’ailleurs.
Il s’est rattaché à nous par le biais d’un forum moto pour vivre son rêve.
Michel est le motard type d’une bande dessiné. Hyper équipé, il a tout vu, tout connu mais malgré trente ans d’expérience motocycliste roule comme un pré pubère qui a eu son permis il y a moins de deux semaines : à fond dans les lignes droite, tout sur les freins à la moindre courbe. Michel fût le pénible n’appréciant le voyage qu’au travers les périples qu’il raconterait plus tard. Il a tout de même permis de souder un peu plus le reste du groupe.

Enfin mon père qui m’a permis de vivre ce voyage de plusieurs façons. Pécuniaires dans un premier lieu mais surtout d’un point de vue émotionnel.
C’est lui qui m’a donné goût à la moto, lui qui a organisé et rassemblé tout ce monde et lui qui m’ouvre les yeux aux rêves que cela représente. C’est sûrement le plus bel héritage.
Je ne serais sûrement jamais parti comme cela sans lui.
Mon père est une personne calme mais d’un tempérament stressé ce qui est la seule chose qui peut l’empêcher de prendre du recul. Bien qu’il manque parfois d’optimisme, sa sensibilité et son amour pour les autres et pour la vie en général en fait un être hors du commun.
Il évolue professionnellement dans un système qui ne lui convient pas du tout et malgré cela se bat tout les jours contre les moulins à vent du capitalisme et des idées reçues.
Passionné de photos il aime se lever tôt pour profiter du calme ambiant et de la lumière, souvent magique, des heures matinales.

Puis il y a moi, moi qui malgré un nombre incalculable de contradictions intérieures ai essayé de suivre ce voyage avec envie et sans trop de préjugés.

C’est donc ensemble que nous allons rouler pendant 15 jours, ensemble que nous allons vivre et profiter des bienfaits de la vie, ensemble que nous découvrirons les yeux grands ouverts des cultures et des paysages différents de nos habitudes.





Lundi 25 Avril

Tanger-Med - Chefchaouen

L’arrivée à Tanger, chaotique à son habitude nous prend 2 heures pour faire 300 mètres. Malgré tout quel confort, ce passage de douane à Tanger Med comparativement à l’ancien port de Tanger. Pas de bakchich, d’intermédiaires véreux, une attente somme toute raisonnable même si mon passeport n’a pas été validé par le premier douanier, mais après une pseudo validation par dans un bureau.

Nous filons vers Chefchaouen, ville perchée sur une montagne du riff. La nuit tombe avant notre arrivée, le fin est éprouvante, nuit Marocaine sur la route avec son lot de fous du volant.
Alors Walter, c’est bien de se retrouver face à une voiture lancée à toute allure en plein dépassement dans un virage et de gouter les bas cotés locaux ?
L’hôtel dans lequel nous dormons est splendide. Nous mangeons dans un restaurant d’une hauteur improbable, nid d’aigle sur la ville.


Mardi 26 avril

Chaouen - Imilchil

Après une bonne nuit de sommeil nous prenons la route en direction du sud pour une étape à Imilchil. Le début de journée se déroule sur des routes peu intéressantes : Meknes puis direction El Kabab. La route commence à s’élever à se rétrécir, l’Atlas est devant nos roues
Au passage d’un col, brusquement, c’est l’enchantement. Vaste plateau dont le fond est occupé par un lac bleu intense ceint en partie d’une peupleraie au feuillage printanier et parsemé de roseaux.
Mais le plus extraordinaire est à venir, nous nous engageons sur une piste.
C’est la première que nous prenons. Une vraie piste avec les roues qui se dérobent et les premières sensations de glisse… à moto. Cela fait un drôle d’effet, donne quelques peurs, mais quelle joie de pouvoir rouler ainsi en liberté…
Nous arrivons au deuxième lac, plus grand, plus majestueux et plus perdu que l’autre. Rien autour n’indique un signe de vie. La végétation est inexistante tout comme les habitations, nous sommes dans un monde minéral.
Nous pourrions sur place prendre un cours de géologie tant les roches sont en strates de couleurs dont la palette s’étire du brun au rouge carmin.
Nous profitions des dernières couleurs du soleil sur ce décor ocre puis nous faisons demi-tour et trouvons une petite auberge.
C’est une femme qui en est la propriétaire et c’est assez remarquable pour le dire. Elle tient le gîte et le couvert avec l’aide d’un neveu. L’accueil y est chaleureux et le repas excellent. Le froid vient avec la nuit et à cette altitude les couvertures épaisses proposées par notre hôte sont les bienvenues. Je m’endors épuisé.





Mercredi 27 avril

Imilchil – Dades - Djebel Sharo - le Camp

Nous repartons après un petit déjeuner copieux. Rapidement une piste se présente dans une vallée. Cette vision est magique. Les premiers kilomètres nous mettent en jambes. La voiture a un problème d’embrayage depuis la veille. Aujourd’hui c’est pire puisque qu’il est inutilisable et dans les pistes cela vire au cauchemar. Par chance, un groupe de touristes emmenés par des marocains en 4x4 a une crevaison juste devant nous.
30 minutes et quelques cris de joie plus tard, grâce au sens mécanique des Marocains, purge faite, notre embrayage fonctionne comme au premier jour.
Nous continuons dans cette vallée qui prend des apparences de grand canyon. Je m’amuse avec ma moto sur cette piste sans fin. Montée, descente, toujours à fond. Les sensations que cela procure sont fantastiques. Les virages n’ont que peu d’adhérence mais la plaisir est là.
Je m’arrête en haut du col avec mon père pour attendre les autres. Il y a encore des traces de neiges sur le sol.
Nous profitons de ce moment pour admirer ce paysage hors du commun. Altitude 3000 m environ, le point de vue sur La vallée du Dadès est splendide et majestueux.
Des formes rondes nous entourent comme une mer de tortues monumentales arrêtées là, paisibles. Nous entamons la descente de la vallée après une courte bataille de boules de neige. Des enfants sur le bord des routes rentrent de l’école et nous saluent au passage.
J’en prends un sur ma moto afin de lui écourter son trajet. La scolarité des enfants Marocains s’est remarquablement améliorée ces dernières années, surtout celle des filles. Ils doivent néanmoins parcourir plusieurs kilomètres à pieds pour s’y rendre mais ne travaillent qu’une demi-journée.
Walter a également pris un môme qui tentera de lui tâter les poches. Nous les déposons dans une vallée et nous échangeons des sourires et regards d’amitié. Nous sommes sur une route goudronnée. Le confort revient ainsi que les souvenirs.
Le relais téléphonique est à gauche, le chemin que nous avions emprunté deux ans auparavant nous tend les bras, nous ne résistons pas. Ah ! L’incomparable efficacité de ma machine, par rapport a celle précédemment utilisée (VTR)
Descente des fameux lacets et nous arrêtons dans l’auberge que nous connaissons. Moment de calme et de repos au fond de cette vallée rafraîchie par la rivière toute proche. Les derniers kilomètres pour sortir de la vallée offrent des visions étonnantes. Les maisons semblent être faites en sable. Quelques casbahs sont en piètre état, comme des châteaux de sables dégradés par le vent et la pluie. La route arrive au carrefour de Boulman du Dadès.
Nous empruntons cette route très touristique avant de bifurquer une nouvelle fois vers des terres plus arides.
De longues lignes droites en plein milieu de rien nous amènent à un col. Cette route est neuve.
Dorothée en profite pour faire connaissance avec la moto et monte derrière mon père.
Nous empruntons une piste. La vitesse de croisière en prend un coup. Nous surfons sur une mer de cailloux, chaque coup de gaz envoie la roue arrière tantôt à droite, tantôt à gauche. Le paysage est une nouvelle fois extra ordinaire.
Nous prenons de l’altitude se qui est l’occasion de découvrir mètre après mètre les merveilles qui nous entourent. Le passage du col ouvre vers le sud un paysage fait d’une succession de crêtes montagneuses en contrejour avec une lumière de fin d’après midi, la roche est noire et plus le plan s’inscrit dans le lointain plus les nuances de gris sont subtiles.


Direction le camp, dans la descente, en bas, notre ego gonflé par notre « impressionnante technique » est remis à sa place par un rider local qui nous croise sur une mob motobécane, descente en roue libre moteur coupé pour le fun, arrivée la nuit au camp.
Repas préparé par nos hôtes simple mais dans ce cadre, cette ambiance, à la lueur des frontales dans la cour fermée de la maison, dans la nuit étoilée tout prend une saveur particulière, un gout exquis, tant pour la nourriture que pour le bonheur de sentir la vie en soi, l’apaisement, la quiétude de l’instant, « oh temps suspend ton vol » que ces minutes s’étirent à l’infini.

Jeudi 28 avril

Le Camp - Vallée des oiseaux - Zagora -Lac Iriqui - Zagora

Le lendemain à l’aube, un groupe d’échassiers blancs prend son envol de la palmeraie en contrebas, la lumière est pure, magnifiant le paysage, mettant en valeur les matières et la maison de notre hôte.
Tout est à sa place, l’harmonie est partout, de la gerbe de blé à l’échelle rustique appuyée à la façade en pisée à l’âne curieux me regardant avec insistance. Quelle merveille !, la lumière dorée du levant découpe avec la précision d’un scalpel les formes irradiées d’un ray d’or.
Foot avec le petit. Départ du camp.
La vallée des oiseaux est remplie de lauriers roses caressant les jardins luxuriants.
Piste super sympa qui après le col nous donne un avant gout de désert, immense plateau, la piste serpente mollement ce qui me permet jouer avec le 4x4. Descente de la vallée du Draa.
Au loin immense nuage orange au dessus de la ville de Zagora, vent de sable.

Pas de soucis avec les mômes les cailloux n’ont pas volés cette fois.
Repas chez Ali, tout le monde adore le jardin.
Départ pour Mhamid et le lac Iriqui.
Le nuage vu plus avant nous avale, le sable est balayé et traverse la route, les motos en soulèvent des volutes impressionnantes.
Expérience du désert, super technique mais on a bien rigolé.
Mon père est cassé, il plante la grosse Ktm jusqu’au moyeu et refuse de poursuivre, Walter saute de dune en dune et fini par se vautrer dans du sable mou en se blessant.
Le vent est violent il balaye le sable devant nos roues nous obligeant à rouler penchés, il s’insinue partout, le Land en est rempli, le sac photo fermé et refermé à du sable à l’intérieur. (vive les boitiers tropicalisés).
Remonté et nuit bien méritée sur Zagora chez Ali. Les serveurs sont amoureux des gazelles, et décorent le Land de merveilleux bouquets colorés.

Vendredi 29 avril

Zagora – Foum Zgid – le désert


Départ pour Foumzguid. Piste de 120 km cassante. Walter est fatigué. Il tombe 1 fois avec Laure en passagère et se refait mal au même endroit que la veille. Agacé il n’écoute pas les conseils prodigués pour un passage d’oued et se retrouve en mauvaise posture. Là on touche les limites de l’homme et un énorme « merde » perturbe le calme du coin. Mon père suit à pied pour tenter de calmer la bête.
Mon frein avant marche par intermittence la durite passe devant le « carénage » lors des fortes compressions, ce qui nous oblige à bricoler un peu. Ces sera la seule « panette » du voyage le DR fêtant ses 50000 kilomètres.
J’ai failli me mettre au tas sur 3 cuvettes, j’ai tenté un back loop, et je l’ai manqué de peu. C’était vraiment très très chaud.
Repas du midi en plein désert à coté de puits ou en se penchant on n’arrive pas à voir le fond. Les sorcières s’enroulent et nous croisent, mais heureusement le vent est nettement moins fort qu’hier.
Arrivé à Foumzguid, pause, jus de fruit et achat cadeau pour certaines. Départ pour le désert .Lieu magique patiemment repéré par Pierre Yves et mon père.
Montage des tentes. On mange un cassoulet. Je dors à la belle étoile, c’est trooooooop cool.

Samedi 30 avril

Le désert - Marrakech

Réveil superbe. Petit dej différent mais l’odeur de l’aventure est bien là.
On traîne le matin c’est bien. Un berger et son fils passent par là, nous nous saluons, mais la conversation est vite interrompue, nous ne parlons pas la même langue.

Départ pour Marrakech afin de laisser les filles près de l’aéroport pour leur retour en France.
La route est sympa. Deux cols : Le premier est beau et sans pluie, le deuxième extra ordinaire mais sous la flotte. La pluie s’arrête. Je double mon père. Il me trouve inconscient et me le reproche. Il a l’air fatigué. Moi aussi et ça m’énerve. Je l’aime quand même.
Arrivé à l’hôtel, on est trempé et rincé. On profite de la piscine. Rencontre avec d’autres Français. Hôtel joli mais ultra trop chic.
Bon repas mais léger. Soirée à discuter. Réveil matinal. On dit au revoir aux filles puis go back to my bed !!.

Dimanche 1 mai

Marrakech – « asilal »

Hier nous avons commencé à remonter. La pluie nous a attaqués toute la journée.
Les quelques répits qu’elle nous laisse ne sont que leurre pour recommencer de plus belle juste après.
Le froid a fini par se mêler à la bataille. De ce combat inégal nous avons tous fini par craquer d’épuisement sauf mon père qui a fait Saint Bernard toute l’après midi, réconfortant l’un, accompagnant l’autre. Le ciel nous lançait ses larmes froides et fines transperçant tout comme des aiguilles.
Etait ce pour nous rappeler la tristesse du départ ?
Nous avons même eu de la neige fondue. Je suis descendu de ma moto en pleurs comme si j’avais laissé mon cœur sur cette route.
La tension nerveuse qui retombe ou le manque de rire, je ne sais pas se qui a provoqué cela.
Walter lui nous fait une rare démonstration de colère et d’agacement en rentrant visiter un hôtel ou il envoie paître le propriétaire et fait un démarrage canon pour ressortir de la cour. (le plus drôle c’est qu’après avoir tourné dans la ville pour chercher un gite plus chouette, bredouilles, nous y sommes retournés penauds)
La nuit fût bonne et chaude et un peu humide aussi.

Lundi 2 mai

« Asilal » – La Cathédrale - Kenifra

Aujourd’hui je remets mes vêtements mouillés et nous continuons le chemin. Il ne pleut plus.

Départ de ce village de montagne. La pluie a repris son territoire. La descente vers le lac semble interminable mais la bonne humeur est là puisque Michel est devant. La morosité de la veille a laissé place à l’envie de découvrir toujours plus.
Nous prenons le chemin de « la cathédrale », lieu qui m’est inconnu et ne m’inspire pas grand-chose dans ce pays. Pourtant la route est sublime. Les paysages nous montrent une palette de couleurs intenses.
Un mélange subtil d’ocre, de vert et des touches de jaune éclatant. La nature arrosée abondamment par les pluies incessantes se couvre d’une robe magique. Nous arrivons à destination par un chemin désert parsemé de ponts en bois et tôles avec des coulées de boue rouge argileuse, qui fait ressembler nos motos à des patineuses en folie.
Une improbable auberge est là devant un torrent. Des enfants à tête blonde jouent devant le regard bleu océan de l’hôte. Leurs parents semblent plus occupés à refaire leur impeccable brushing qu’à surveiller leur progéniture « made in cyrilus ».
Soudain une femme crie à la mort, un enfant la tête en sang dans les bras.
La petite tête jaune en chutant sur la table s’est ouvert le front. La mère, paniquée, tourne en rond en criant de tout son être comme si sa poupée, cassée, ne donnerait jamais la princesse qu’elle-même espérait devenir petite.
Pierre Yves, avec son calme, a finalement clos cela en happy end avec quelques straps et conseils avisés.
Nous décidons de prendre pour continuer la vallée des singes, mais l’argile détrempée nous en dissuadera.
La fin de la route fût aussi diverse de par ses paysages que par sa météo passant tantôt de vertes collines couvertes de brouillard à des lacets sans fin sous un soleil voilé par d’épais nuages.
En traversant Beni Mellal, Noé est dans le coin. Des torrents furieux dévalent en ville, de l’eau jusqu’au moyeu, je passe à fond et Walter se marre. Sans malice, j’envoie des gerbes sur les vitres des voitures, dont certaines sont entrouvertes. Qu’ils me pardonnent tous.
Le groupe se disloque et se reforme au gré de la chance. Je suis avec Walter, nous arrêtons dans une station service, mon père nous rejoint, et le reste de la troupe ne se retrouvera qu’à Kenifra

La nuit tombée nous roulons toujours. Le phare de ma machine, d’une rare inefficacité, me laisse découvrir au dernier instant les trous, virages et autres nombreux piétons qui marchent sur le bord des routes.
Nous arrivons enfin à Kenifra et après des recherches quelque peu laborieuses, arrivons au café de France. Etablissement typique marocain dont la décoration a du être installée dans les années 50 sous protectorat.
L’accueil y est très chaleureux et le service de table, à la française, impeccablement respecté. Le repas est bon et la nuit reposante.


Mardi 3 mai

Kenitra - Fès

Au petit matin le soleil a fait son retour et sonne l’heure du départ.
La route est fine et sinueuse. Nous traversons d’improbables paysages verdoyants. Au milieu d’une forêt de cèdres majestueux un groupe de singes traverse devant nos roues. Image déroutante, ils nous regardent avec le même air étonné que nous. La fraicheur matinale se fait sentir mais le soleil est là qui me réchauffe le moral. Soudain de grandes étendues vertes s’ouvrent devant nous.
Des champs de blé s’entrelacent à des fleurs de toutes les couleurs. Devant ces peintures je suis bouche bée et n’ai d’autres envie que de rester ici.
Ce besoin de vide qui semble insatiable. L’envie d’être apaisé, de ne plus me poser de questions. Je vais trop vite, trop longtemps, ce mal européen qui me ronge n’apporte vraiment rien de bon et le retour en arrière est improbable.
La route défile à faible allure sous mes roues. Je profite. Des groupes d’enfants nous saluent. Les adultes travaillent dans les champs pour les uns, s’occupent du bétail pour les autres.
Je ne compte plus le nombre de photo que
vivantes. Mais nous sommes toujours pris par le temps. C’est cela qui nous manque vraiment, c’est sûrement cela le seul vecteur de découverte, le plus beau. Prendre le temps de discuter avec tous ces regards circonspect de voir ces touristes passer sans jamais s’arrêter quelques heures et comprendre leur vie, leurs besoins.
Sans pouvoir me mettre à leur place, je comprends que certain en deviennent agressifs. La seule chose que je leur offre est un signe de la main et même en y mettant tout mon cœur cela n’arrangera jamais leur situation, ni la mienne.
Si seulement j’avais le courage de prendre ce temps, de sortir des règles imposées pas la société dans laquelle je vie et pour lesquels je suis reconnu.
Un travail valorisant, une femme, une maison,… Quelle vie excitante m’attend… Cela crée une sensation de gouffre, c’est peut être pour cela que je m’impose ce rythme effréné. Et si dans 20 ans je devais refaire mon chemin, choisirais je le même ?...
Il est 13 heures. Une imposante maison rose et verte est devant nous tout à côté d’un lac arboré.
L’accueil est chaleureux et le repas divin. Drôle d’adjectif pour un athé. Mais ce moment était un moment de plénitude. Une succulente harmonie entre un instant de calme au soleil, des mets exquis et un cadre exceptionnel. Nous avons pris du temps.

L’après midi continu sur la même gamme de paysages quand soudain nous débouchons sur un désert de pierre…. Et d’ânes.
La descente dans la vallée me fait revivre « le château de ma mère » au milieu des vergers immenses, nous roulons paisiblement. Cette route est un rêve.
Puis vient le retour à la civilisation, Azrou puis Ifrane pour arriver sur la grande Fès.
La ville est bondée. Nous nous arrêtons dans l’hôtel de la paix après en avoir visité un autre en compagnie de Walter qui nous a fit bien rire. Répertorié dans un guide, ile était d’une saleté repoussante (comparable à l’hôtel de Rich il y a deux ans)
Le soir nous nous baladons dans la médina qui ressemble beaucoup à toutes les autres que j’ai pu voir.
Un nombre incalculable de petits commerces qui vendent de tout. Nous dînons dans un restaurant magnifique un repas moyen.
Le calme des jours précédant me manque même si ce bain de foule m’a fait plaisir. Le retour à l’hôtel est l’occasion de le remémorer certains souvenirs de voyage et donc de recoller à ma vie. Je rentre chez moi dans 5 jours.

Mercredi 4 mai

Fès – La médina – Moulay Idriss

Réveil difficile. Un grand soleil traverse la fenêtre. Nous prenons un petit déjeuner copieux dans un café au bout de la rue.
Un homme arrive avec un sac de sport, ce n’est pas sans rappeler l’histoire à Marrakech. Je n’en dis rien aux autres.
Le ciel est maintenant bleu azur. J’attendais cela depuis trois jours, c’est un régal.
Ce matin les motos resteront à l’arrêt, nous partons pour la médina de Fès qui fait 15 km2. Le dédale des rues est toujours étonnant et nous nous enfonçons aux grés de nos envies. Le but à atteindre étant les tanneries, au fond près de la rivière.
Des enfants jouent partout. Le soleil est déjà haut mais l’étroitesse des rues amène une fraîcheur incroyable.
Nous nous perdons et demandons notre chemin souvent. Finalement un jeune nous guide sur quelques centaines de mètres puis disparaît, sûrement viré par un des propriétaires d’une des terrasses.
Soudain nous débouchons sur une place. Immense. Un homme noir dort là, le ventre à l’air laissant apparaître son pubis. Il semble mort.
Des touristes sont de nouveau présents. Pour voir le travail autour des tanneries il faut prendre de la hauteur et pour prendre de la hauteur il faut entrer dans des tours qui possèdent une terrasse ouverte.
De premier abord, l’ambiance est froide. A chaque étage un magasin est là comme pour nous rappeler notre statut. En haut, la vision est déroutante.
Des dizaines de trous plein d’eau colorée dans lesquels des hommes trempent des peaux de moutons.
L’odeur y est infecte. J’apprendrais plus tard que ces hommes travaillent dans un mélange d’eau, de chaux vive et d’excréments de pigeons.
Au bout de 3 minutes notre guide devient agressif. Il ne faut plus prendre de photos. Il nous rappelle que nous sommes là pour passer du temps dans ses magasins.
Nous partons et mon père sort et balance des mots durs au tenancier, il faut vraiment qu’il soi agacé.
Il est 13 heures. Nous partons manger. Les uns embarquent dans un petit taxi, les autres dans un triporteur motorisé.
Les marocains sourient devant notre passage.
Nous rions comme des enfants, et pour ce petit voyage fabuleux Walter donne 5 fois le prix d’une course normale en taxi, mais on s’en fout, ce petit moment de partage entre nous avec la complicité des habitants de la ville n’a finalement peu de prix, et puis relativisons cela à couté 4, 3€

Nous déjeunons dans un restaurant chic et branché, la bouffe est européenne. Je n’ai pas aimé. La serveuse est sublime mais elle le sait que trop bien.
Nous repartons de Fès pour Moulay Idriss. Le groupe éclate sur la route mais nous nous retrouvons sur place et l’on s’arrête dans une maison d’hôte haut perchée. Le propriétaire est exceptionnel, la vue magistrale et ce repas !!! un couscous excellent comme je n’en avais jamais goûté. Ce repas fut bon et pantagruélique. Et hop dodo !.

Jeudi 5 mai

Moulay Idriss - Chaouen

Début de journée bruyant fait « chier le vieux », difficile d’ouvrir les yeux mais une belle journée m’attend.
Petit déjeuner en franche rigolade avec ronflement type B52 au décollage de la mère de notre hôte qui dort dans une pièce voisine.
Nous partons nous balader. La ville, féerique, est accrochée sur deux pitons rocheux. J’ai du mal à trouver les mots qui pourraient qualifier ces paysages si variés et tellement beaux.
Cette ville, lieu de pèlerinage, est pourtant couverte d’ordures. Les odeurs sont donc aussi contrastées que le paysage. Chaque rue débouche sur une curiosité : portes superbes par leur finesse ou par le travail du temps, maisons perchées, vue admirable sur la ville.
Nous arrivons devant une piscine romaine dans le même état que le reste. Des enfants se baignent et à part un ou deux qui s’amusent de nous voir, nous gênons les autres.
Un guide nous décrit l’histoire de sa ville. Sa vision de la politique locale et marocaine est critique envers la répartition tant royale qu’administrative.
Discours aussi étonnant qu’agréable de liberté de parole. C’est l’heure du départ.

La troupe se sépare en deux. Nous essayons de trouver une piste que nous de verrons pas. Après quelques dizaines de kilomètres nous rentrons dans le Rif par une route départementale marocaine défoncée. Le paysage est encore extra ordinaire.
Nous nous arrêtons boire un verre dans un village. La population de 7 à 77 ans est au kiff. Les autres nous rejoignent.
Nous finissons la route par une enfilade de virages superbes au milieu de paysages magiques.
Nous traversons un village rempli d’enfants. Une vague humaine s’ouvre devant nous laissant apparaître un étroit bandeau d’asphalte.
Achat poterie et réparation plaque DR. Arrivée à chef. Même hôtel superbe. Achat bijoux et énorme repas en terrasse, le dernier, retour à pied.
Discussion autour d’une clope. Je suis naze, il est 2h, demain je prends le bateau…

Vendredi 6 mai

Chaouen – Tanger Med

Ce matin, petit déjeuner copieux, à l’habitude.
On fait un tour à Chaouen, je prends des photos avec mon père.
Repas puis départ. En arrivant à Tanger nous apprenons que le bateau est annulé. On arrivera finalement à Sète à 9h dimanche. Les tensions retombent et Michel monte.
Il propose un cours de GPS alors que la veille il n’a pas été capable de retrouver sa route pour retrouver l’hôtel quitté _ jours plus tôt. On doit partir à 19h00. On embarquera finalement à 23h30, en dernier.
Arrivée prévue à 11h dimanche.

Dimanche 7 mai

Sète – Privas - Tours

La traversée est calme, dodo, resto, dodo, resto,…
Un grand soleil nous attend. La route se passe bien, trois heures de moto avec mon père, je n’aurais pas rêvé mieux pour clôturer ce voyage.
Nous arrivons à Privas, je dois repartir chez moi, à Tours, en voiture le jour même. Je décale l’échéance le plus possible puis reviens à la raison, je dois encore faire 6 heures de route. Le départ est triste, il l’est toujours. Sur la route mon esprit se perd dans les souvenirs qu’il me reste et l’envie d’y retourner.
A certain moment le vide s’empare de moi.

Cette route est la plus triste depuis deux semaines. Je suis seul, sans mon père et mes compagnons de voyage pour partager cela.


ardeche
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